BCE (T.BCE) n'est plus le placement pépère d'autrefois. Ancien monopole de la téléphonie lancé dans l'arène du cellulaire, le conglomérat demeure néanmoins une valeur de premier ordre avec tous les attributs d'un «blue chip».

L'ancêtre Bell Canada, devenu Entreprises Bell Canada avant de s'en tenir à l'acronyme anglais, avait l'art d'attirer les petits épargnants comme les investisseurs institutionnels à la recherche du placement sécuritaire par excellence. Le cours boursier paraissait unidirectionnel et le dividende, blindé. Son poids dans les indices boursiers faisait en sorte qu'il s'écartait peu de la parade.

Le géant des télécommunications repose aujourd'hui sur des pieds d'argile. La base traditionnelle de clients au réseau filé d'Alexander Graham Bell ne cesse de s'éroder. Dans le sans-fil, BCE vient d'être déclassée du deuxième rang canadien par Telus, après avoir abandonné la première position à Rogers Communications bien avant. Sa percée dans la télédistribution se fait au prix d'efforts promotionnels intenses. Les bénéfices de la convergence avec la télévision restent à voir.

En Bourse, le titre favori de grand-père donne des émotions fortes aux porteurs d'actions. Rappelons l'impact de la tentative de mainmise de Teachers' en 2008 ou, plus récemment, de la saga entourant l'achat des chaînes de radio et télévision du groupe Astral Media. La simple menace de la venue de Verizon au Canada a fait trébucher BCE de 6% en juin. Sa volatilité l'an dernier se compare à celle d'Alimentation Couche-Tard ou de la Banque Nationale. Pas de tout repos, même s'il s'agit de titres en forte croissance.

BCE garde la cote

Bien que plus risqué et volatil qu'autrefois, BCE demeure un chouchou de la communauté financière. Pas moins de 696 investisseurs institutionnels se partagent près de la moitié des actions en circulation, ce qui en fait encore l'un des 10 titres le plus largement détenus au pays (c'était le premier). Plus du tiers de l'actionnariat est étranger, américain principalement.

Les 21 analystes qui suivent le titre, bien que conscients de tous les risques et défis du nouveau Bell Canada, en recommandent toujours l'achat (43%), sinon le maintien en portefeuille (57%). Aucun n'en prône la vente. C'est, pour ainsi dire, toujours un incontournable dans tout portefeuille un tant soit peu équilibré.

«BCE détient une forte position concurrentielle dans l'est du Canada, une franchise solide dans le sans-fil et est le plus grand opérateur de télévision par satellite au pays. Il produit également du contenu télévisuel. La combinaison crée un bastion qui peut résister aux assauts de la concurrence et lui permet de générer des rendements élevés sur le capital investi», résume la firme de recherche financière Morningstar.

L'entreprise, dont les origines remontent à 1880, a surtout gardé l'habitude de choyer ses actionnaires avec de généreux dividendes, même s'il lui faut aujourd'hui investir des milliards dans son développement, comme avec l'achat à gros prix de nouvelles fréquences pour le réseau cellulaire de Bell Mobilité, hier. Au cours actuel, le rendement du dividende dépasse 5%, de quoi plaire aux porteurs d'actions... de tout âge.

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LA RECOMMANDATION

BCE est l'un des titres favoris de l'analyste Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins. Celui-ci prévoit un rendement de près de 10% sur 12 mois, avec le dividende trimestriel. Selon l'expert des télécoms, le plan de croissance de 5% par année du dividende de BCE est plus facile à soutenir maintenant que toutes les activités dans le secteur téléphonique, avec ou sans fil, contribuent à la croissance du bénéfice d'exploitation. Environ 70% des fonds autogénérés sont reversés aux actionnaires.