Le budget «ennuyant» du ministre des Finances du Canada, Jim Flaherty, a eu peu d'échos sur les cours boursiers, hier. À peine si l'enthousiasme ambiant des derniers jours sur le marché canadien des actions paraît avoir été touché.

Le titre le plus à risque, celui de la chaîne de dépanneurs Alimentation Couche-Tard, a même ouvert en nette hausse malgré l'augmentation de la taxe sur ses produits du tabac. La poussée a été soutenue par l'annonce d'une importante acquisition au Mexique.

L'analyste Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, estime que l'augmentation de 4$ par cartouche de cigarettes aura une incidence modeste à court terme sur la croissance des ventes du groupe au Canada. Les produits du tabac représentent 40% du chiffre d'affaires canadien. Toutefois, celui-ci ne compte plus que pour 6% des ventes mondiales et génère environ 15% des profits consolidés de la multinationale.

Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, note pour sa part que les hausses de prix des cigarettes, qu'elles proviennent des gouvernements ou des manufacturiers, ne sont pas une nouveauté pour Couche-Tard. La dernière hausse de taxe aux États-Unis, qui augmenta le prix du paquet de 61 cents US, n'a pas eu d'effet discernable tant sur les ventes par magasin que sur les marges brutes. L'augmentation de la taxe sera cette fois encore directement refilée au consommateur, croit l'expert financier.

Les actions de la société montréalaise Aimia, qui gère le programme de fidélisation Aéroplan, ont quant à elles à peine bronché malgré les initiatives du ministre des Finances pour diminuer les frais d'utilisation des cartes de crédit. «Bien que la réglementation pure et simple des taux d'interchange ne puisse jamais être totalement éliminée [ce qui changerait la donne pour Aéroplan], le renforcement du code de conduite actuel s'inscrit dans une approche gouvernementale équilibrée et constructive à cette question complexe», commente l'analyste Drew McReynolds, de RBC Dominion Valeurs mobilières.

Banques et télécoms

Le secteur financier est pour sa part en nette hausse malgré une facture fiscale additionnelle estimée à 1 milliard sur cinq ans. Le gouvernement fédéral a mis fin à un stratagème fiscal qui permettait aux grandes institutions financières du pays d'abaisser leur impôt en transférant à une filiale située dans un paradis fiscal des revenus tirés de leur portefeuille d'assurance.

L'analyste Michael Goldberg, de Valeurs mobilières Desjardins, note que ces coûts fiscaux imprévus sont «négligeables» puisqu'ils représentent moins de 1% des profits attendus des six grandes banques canadiennes cette année. Du même avis, les banques refileront aux consommateurs le coût additionnel d'assurance des prêts hypothécaires contre les défauts de paiement par une hausse des taux.

Du côté des télécommunications, les résultats mitigés de Rogers Communications ont plus pesé sur l'indice sectoriel que les mesures d'ouverture du marché à la concurrence. Même que BCE marque des points. L'analyste Drew McReynolds note que toutes les mesures du budget Flaherty visant le secteur des télécoms étaient déjà connues.

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QUELQUES TITRES CONCERNÉS

Fermeture / Variation

Alimentation Couche-Tard / 85,57$ / + 1,39$ (+ 1,65%)

Aimia / 19,41$ / - 0,03$ (- 0,15%)

Rogers Communications A / 45,10$ / - 1,65$ (- 3,53%)

BCE / 46,88$ / + 0,13$ (+ 0,28%)

Telus / 37,06$ / - 0,24$ (- 0,64%)

Banque Royale / 70,55$ / + 0,43$ (+ 0,61%)

Banque Nationale / 86,10$ / + 0,83$ (+ 0,97%)