Le volant bien en main, le nouveau président de Microsoft devra appuyer sur l'accélérateur s'il veut faire son chemin sur l'autoroute congestionnée de l'informatique moderne.

«Satya Nadella fait figure de valeur sûre, mais beaucoup d'investisseurs craignent que Microsoft roule sagement à 55 milles à l'heure sur la voie de droite et continue de se faire doubler par d'autres entreprises de haute technologie dans les marchés des réseaux sociaux, des services aux entreprises, de l'informatique mobile et des tablettes, là où sont l'innovation et la croissance», affirme Daniel Ives, analyste chez FBR Capital Markets.

De grands défis attendent en effet la nouvelle direction de Microsoft. Les investisseurs et analystes se demandent surtout comment le numéro un mondial des logiciels parviendra à réaliser ses ambitions, tout en choyant un tant soit peu ses actionnaires après 14 années décevantes.

L'analyste Kirk Materne, d'Evercore Partners, croit que la nomination de Satya Nadella, jusqu'alors chargé des activités à destination des entreprises et d'infonuagique (cloud), suggère que Microsoft entend poursuivre la stratégie du président sortant Steve Ballmer, qui a commencé à transformer le géant des logiciels en une entreprise d'appareils et de services, comme Apple.

Sous la direction de l'ingénieur, Microsoft proposerait au grand public des terminaux de sa marque connectés au nuage ainsi que des tablettes, des téléphones intelligents et des consoles intégrant ses propres logiciels. Voilà qui remettrait en cause le monde des PC où Microsoft était le partenaire de grands fabricants comme Intel, Hewlett Packard et Dell, eux-mêmes en pleine transition.

Une jeune équipe

L'entreprise fondée il y a 39 ans doit faire face au déclin du marché PC avec l'érosion des ventes de ses deux produits phares, le système d'exploitation Windows et la suite de logiciels Office. Les autres produits connus, comme le moteur de recherche Bing ou les consoles de jeux Xbox, contribuent peu aux résultats du groupe.

Avec Satya Nadella, âgé de 46 ans, à la direction de l'exploitation, et Amy Hood, 43 ans, à la direction des finances, Microsoft peut compter sur l'une des plus jeunes équipes de direction parmi les grandes entreprises technologiques, note l'expert d'Evercore. «Même si cela importe peu à long terme, le fait d'avoir une équipe de direction jeune dont la fortune est étroitement liée à la Bourse est important quand il s'agit de changer la psychologie des investisseurs envers un titre qui est allé de travers pendant près de 10 ans», affirme Kirk Materne.

Quelques analystes voient par ailleurs dans les nouvelles responsabilités de conseiller technologique confiées au fondateur Bill Gates un rôle similaire à celui que son ami et rival Steve Jobs a joué avec succès chez Apple à son retour en 1997. Même s'il n'occupe plus de fonction de direction, il pourrait faire de Microsoft une société de nouveau axée sur l'innovation et la technologie, espère-t-on. Dans son communiqué, l'entreprise souligne d'ailleurs que son fondateur, aussi très impliqué dans ses oeuvres caritatives, «va consacrer plus de temps à l'entreprise».

«Il y a une raison pour laquelle Microsoft est allée aussi loin avec Bill Gates», a souligné l'analyste Crawford Del Prete, de la firme IDC, en entrevue pour le site internet MarketWatch. «Il est brillant de récupérer une partie de cet élixir.»

LA RECOMMANDATION

La majorité des analystes qui s'intéressent à Microsoft recommandent de «conserver» le titre. Parmi les grandes valeurs technologiques, une même retenue s'applique à l'allié IBM alors que les concurrents Apple et Google obtiennent une bien meilleure cote d'amour. Daniel Ives, analyste chez FBR Capital Markets, s'en tient notamment à une note de «performance de marché» pour les actions de MSFT, et souligne que les investisseurs soulagés par la nomination de haut niveau se concentreront maintenant sur la vision stratégique de Satya Nadella.