Wall Street a succombé à la multiplication des signaux préoccupants pour l'économie mondiale lundi et a poursuivi sa dégringolade du mois de janvier, un mauvais indicateur américain s'ajoutant aux inquiétudes sur les pays émergents ou la zone euro.

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Les marchés à la clôture:

TSX   13 486,20 / -208,74 (-1,52%)

Dow Jones   15 372,80 / -326,05 (-2,08%)

S&P 500   1741,89 / -40,70 (-2,28%)

NASDAQ   3996,96 / -106,92 (-2,61%)

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Signe de la nervosité du marché, l'indice de volatilité VIX, dit «indice de la peur», s'est envolé de 16,46 % à 21,44, repassant au-dessus de 20 pour la première fois depuis octobre.

«Tous aux abris»

Réagissant à deux indicateurs manufacturiers particulièrement décevants lundi dans les deux premières économies mondiales, aux États-Unis comme en Chine, Wall Street a été emportée dès l'ouverture par un mouvement de ventes qui s'est accéléré en fin de séance.

«Le marché était jusque là parvenu à se maintenir au-dessus de seuils psychologiques», a commenté Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital. Mais la Bourse de New York ayant été fortement bousculée ces derniers temps par le nouveau resserrement de la politique monétaire américaine, les turbulences persistantes dans les pays émergents ou les craintes de déflation en zone euro, ces seuils ont fini par être dépassés et «c'est le début de la correction que nous attendions», a souligné Peter Cardillo.

L'accélération de la chute des indices a été déclenchée lundi par le net ralentissement de l'expansion de l'activité des industries manufacturières en janvier aux États-Unis.

Les performances des constructeurs automobiles dans le pays en janvier n'ont pas été de nature à rassurer le marché: General Motors (-2,30 % à 35,25 dollars) a fait part d'un recul des ventes de 12 % sur un an, Ford (-2,74 % à 14,65 dollars) de 7 % et le japonais Toyota de 7,2 %.

Les investisseurs continuent aussi à s'inquiéter pour la croissance de la Chine, deuxième économie mondiale, où la production manufacturière a chuté en janvier à son plus bas niveau depuis six mois.

Autre élément alarmant: avec un recul de près de 2 % lundi, la Bourse de Tokyo est entrée dans une phase de correction en perdant plus de 10 % depuis fin décembre.

«C'est un peu ''tous aux abris''», a remarqué Steven Rosen de la Société Générale. «Personne n'est d'humeur acheteur et le marché pourrait bien descendre encore plus puisque la saison des résultats n'est pas vraiment enthousiasmante».

Pour Scott Wren, spécialiste du marché des actions à Wells Fargo Advisors, cet accès de faiblesse après une année 2013 exceptionnelle au cours de laquelle le S&P 500 s'est envolé de près de 30 %, n'est pas vraiment étonnant.

«Nous sommes dans un environnement de croissance modeste, d'inflation modeste (...). Les gens se sont un peu laissés entraîner par l'impression d'une accélération de l'économie» et le marché ne fait que s'ajuster, a-t-il estimé.

Pour d'autres observateurs toutefois, comme Andrew Schiff de Euro Pacific Capital, la valorisation actuelle du marché est surtout «la manifestation de la politique d'assouplissement monétaire» menée par la Réserve fédérale jusqu'en décembre. «Le mouvement de vente va continuer jusqu'à ce que la Fed décide de faire une pause dans le ralentissement de son aide à l'économie», a-t-il avancé.

Sur le front des valeurs, l'opérateur de téléphonie AT&T a chuté de 4,11 % à 31,95 dollars après la présentation d'une nouvelle grille tarifaire dans le contexte d'une guerre des prix avec ses concurrents T-Mobile (-3,40 % à 29,53 dollars) ou Verizon (-3,35 % à 46,41 dollars).

Le groupe pharmaceutique Pfizer, qui a fait part de bons résultats dans ses essais sur un médicament visant à combattre le cancer du sein, est parvenu à tirer son épingle du jeu (+0,66 % à 30,60 dollars).

Le marché obligataire a terminé en hausse. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a reculé à 2,581 % contre 2,668 % vendredi soir et celui à 30 ans à 3,540 % contre 3,622 %.