Tandis que Goldcorp (T.G) aligne les dollars pour mettre la main sur les lingots de la Corporation Minière Osisko (T.OSK) , le plus important producteur d'or au Québec, plusieurs experts abaissent leur prévision de prix pour le métal qui n'est plus aussi précieux.

La cible est maintenant à 1150$US l'once pour le courtier américain Bank of America Merrill Lynch, l'un des premiers à dégainer cette année. Le stratégiste Michael Widmer prévient que cela pourrait être pire, vu le manque d'intérêt manifeste des investisseurs pour le doré ces dernières années.

La firme de gestion de fortune UBS vient même d'abaisser de 15% sa prévision pour le prix de l'or, afin de refléter le tarissement des flux monétaires de la Réserve fédérale américaine et la faiblesse de la demande pour le lingot.

La correction est de 13% chez Desjardins Marchés des capitaux, qui projette maintenant un prix moyen de 1225$ cette année, 25$ de plus en 2015 et 50$ de plus pour chacune des trois années suivantes.

L'agence de notation Moody's - qui a les grands producteurs aurifères à l'oeil - ne prévoit pas non plus de remontée prochaine, avec une prévision du prix moyen plus basse encore, soit de 1100$US, contre 1200$US auparavant.

Selon le Credit Suisse, l'once, qui a perdu plus du quart de sa valeur en 2013 après 12 ans de croissance, pourrait même tester la barre des 1000$US cette année.

De faibles marges

Cela laisse peu de marge bénéficiaire aux sociétés aurifères. Pour produire une once d'or, UBS estime que les mines doivent engager environ 1200$US, ce qui n'est pas loin du cours actuel du métal jaune. En outre, aujourd'hui, dans certaines régions comme en Afrique du Sud, l'or dort à plus de 3 km sous le sol, ce qui nécessite des techniques d'extraction complexes et coûteuses. En souterrain, l'humidité de l'air atteint 100%, la température avoisine 60 degrés, et la pression est près de 100 fois plus forte.

En comparaison, Malartic est le paradis. Les coûts totaux de remplacement à la propriété principale d'Osisko sont estimés à 926$ l'once cette année, même si le minerai devient plus résistant. Ce chiffre pourrait baisser à 837$ avec l'accroissement de la production à la mine à ciel ouvert, cette année.

On comprend l'intérêt du géant minier canadien Goldcorp qui vient de jeter son grappin sur le plus important producteur d'or du Québec. La faiblesse du cours de l'or peut cependant compromettre la rentabilité de l'opération, surtout si Goldcorp doit rempiler pour séduire les actionnaires d'Osisko. À 5,95$ l'action, l'offre aujourd'hui sur la table équivaut à 1065$US pour chaque once d'or recouvrable à la mine abitibienne.

Le cours de l'or fait tout de même preuve de résistance depuis le début de l'année. Malgré un repli de 0,6%, à 1238$US l'once, hier, il demeure en territoire positif par rapport à la fin de 2013. D'un point de vue technique, les analystes de la Banque Scotia estiment que tant que ce niveau tiendra, les 1252$ sont en ligne de mire.

L'analyste Stephen Walker, de RBC Marchés des Capitaux, recommande l'achat des actions de Goldcorp dont il repousse la cible à 31$ pièce afin de refléter l'apport positif d'Osisko au résultat consolidé du deuxième producteur mondial d'or. Malmenées en Bourse depuis le lancement de l'offre publique d'achat, les actions de Goldcorp ont abandonné encore 6 cents, à 24,28$, hier. L'expert de la RBC note par ailleurs le risque opérationnel lié à la mise en production de 3 mines - dont Éléonore au Québec - dans les 24 prochains mois tout en complétant l'acquisition et l'intégration d'Osisko.