Alors que la Bourse américaine écrase tous les autres marchés, l'influent magazine financier Barron's mise sur deux titres canadiens négligés pour compléter son alignement gagnant pour 2014: Barrick Gold et Canadian Natural Resources.

«Vous voulez un producteur déprimé d'une ressource déprimée?», demande Andrew Bary. L'éditeur adjoint et chroniqueur du Barron's n'a rien raté des dernières péripéties du producteur d'or canadien, y compris le départ, la semaine dernière, du président du conseil et fondateur Peter Munk. Il retient surtout que le titre a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis un an et se retrouve au même niveau qu'il y a dix ans, quand l'or valait trois fois moins qu'aujourd'hui.

L'hebdomadaire américain bientôt centenaire note encore que le titre s'échange à seulement sept fois les profits projetés pour l'année prochaine et que «la direction a pris des mesures pour augmenter le flux d'encaisse, mais peut encore faire mieux».

Les deux tiers des analystes qui s'intéressent à Barrick recommandent pourtant aux investisseurs de rester sur leurs positions. Dans un rapport étoffé publié hier, le service de recherche de RBC Marchés des Capitaux prévoit notamment un repli du prix de l'or jusqu'à 1150$US l'once avec la réduction des injections de capitaux de la Réserve fédérale américaine au prochain trimestre.

Quant à Canadian Natural Resources, l'équipe éditoriale du Barron's croit que la pétrolière souffre du prix réduit pour le pétrole canadien, ce qui devrait se corriger en 2014. Les fonds autogénérés pourraient quintupler d'ici cinq ans avec la mise en production des sables bitumineux du site Horizon, prévoit l'hebdomadaire.

Bien qu'il traîne en Bourse, le producteur albertain sollicite de plus en plus l'attention des analystes financiers. Dix-neuf sur 25 en recommandent l'achat. C'est notamment le cas de Kyle Preston, de la Financière Banque Nationale, qui prévoit un rendement annuel de 26%, incluant le rendement courant en dividende de 2,3%.

Stratégie gagnante

Le top 10 de Barron's comprend aussi les financières américaines Citigroup et MetLife, le fabricant de puces Intel, le constructeur automobile General Motors, l'équipementier agricole Deere&Co, la multinationale Nestlé, le groupe immobilier Simon Property et le transporteur aérien US Airways Group, qui vient de fusionner avec American Airlines.

La liste de recommandations du Barron's est basée sur le filtrage de données, les commentaires d'investisseurs et les recherches de Wall Street. C'est la quatrième année que l'hebdomadaire américain présente cet exercice en reportage principal. La cuvée de 2013, dans laquelle figuraient le fabricant de disques durs Western Digital et l'entreprise de divertissement Viacom, a généré un rendement de 35% à ce jour. La sélection 2012 a aussi nettement battu le marché.

«Acheter des titres bon marché paraît une bonne stratégie quand le marché est à de hauts niveaux», écrit Andrew Bary. Barron's prévoit que son nouveau palmarès générera un rendement total de 15% avec les dividendes.

Fiera Capital diminue son exposition au marché des actions. «Nous sommes d'avis que le temps est venu de modifier notre positionnement en réduisant temporairement la surpondération des actions et en augmentant significativement nos positions en titres du marché monétaire», écrit la firme montréalaise dans son plus récent commentaire mensuel. Fiera prévoit que la Réserve fédérale américaine réduira son programme de rachats d'actifs plus tôt que ne l'anticipe le marché, ce qui accroîtra la volatilité sur les marchés. De plus, les investisseurs en actions comptent actuellement sur une conjoncture économique relativement stable, mais celle-ci sera difficile à maintenir à long terme, croit-on.