Les titres aurifères ont bondi, tandis que le marché boursier canadien poursuivait son essor, hier. La suite leur appartient alors que les principaux producteurs d'or s'apprêtent à dévoiler les premiers résultats de leurs stratégies pour réduire leurs frais d'exploitation et leurs dépenses en capital.

Les Barrick Gold, Goldcorp et Agnico Eagle ont tous progressé de 5%, hier. C'est après avoir touché les bas-fonds l'été dernier.

Outre le rattrapage des titres canadiens, les grands producteurs d'or profitent de la remontée du métal précieux. Le prix par once a augmenté de 27$US, à 1342$US, hier, constituant une petite réserve au-delà des 1300$US considérés comme la barre critique pour bien des producteurs à coûts élevés. Il s'agit aussi de son plus haut niveau en trois semaines.

Le prix de l'or suit lui-même l'accroissement de la masse monétaire mondiale, alors que la Réserve fédérale américaine (Fed), et d'autres encore, continuent d'imprimer de l'argent pour stimuler leur économie. On remarque aussi que les joailliers en Inde, premier utilisateur mondial d'or physique, paient des primes records pour répondre à la demande suscitée par la saison des festivals et des mariages.

Par contre, les fonds spéculatifs comme le PFR Gold Fund du milliardaire John Paulson continuent d'inonder le marché, sur papier. Le fonds de 350 millions qui investit dans l'or et ses dérivés a fondu de près des deux tiers depuis le début de l'année. Paulson, qui s'est rendu célèbre en misant contre les prêts hypothécaires américains à haut risque avant la crise, a créé le fonds PFR avec la conviction que les politiques de la Fed allaient ultimement créer de l'inflation et enrichir les détenteurs d'or.

Les analystes sont confiants

Les grandes sociétés aurifères canadiennes ont maintenant rendez-vous avec leurs actionnaires pour présenter le résultat de leurs efforts stratégiques pour améliorer leur sort. Agnico Eagle, producteur d'or établi de longue date, doit dévoiler ses chiffres pour le troisième trimestre après la fermeture des marchés, aujourd'hui. Goldcorp, deuxième société minière en importance au Canada, fera de même demain matin. Pour sa part, Barrick Gold, plus importante entreprise aurifère de la planète, doit s'exécuter à la fin du mois.

Les analystes de RBC Marchés des capitaux attendent de solides résultats tant pour Agnico que pour Goldcorp avec une augmentation de la production et une stabilisation des coûts. Agnico devrait notamment faire le point sur la mine à ciel ouvert Goldex, située à Val-d'Or, qui pourrait entrer en production d'ici la fin de l'année. Stephen Walker estime à 1034$US l'once les coûts «tout inclus» de production d'or chez Goldcorp, ce qui reste à voir de ce côté.

Les deux titres, qui ont perdu respectivement près de la moitié et le tiers de leur valeur depuis le début de l'année, pourraient rebondir substantiellement d'ici 12 mois, si tout va comme prévu, croit la RBC qui leur accole la mention «surperformance».

Les analystes sont généralement plus réservés en ce qui concerne Barrick Gold, qui est en plein recentrage de ses activités. Le producteur a essuyé une énorme perte de 8,5 milliards au deuxième trimestre, après d'importantes dépréciations d'actifs.

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LA RECOMMANDATION

Corporation minière Osisko, plus important producteur d'or du Québec, obtient les faveurs de John Hayes, de BMO Nesbitt Burns. L'analyste, qui a récemment visité les installations de Malartic, croit que le projet est bien placé pour remplir les promesses cette année, mais que le minerai sera plus résistant l'an prochain. Les coûts totaux de remplacement sont estimés à 926$ l'once cette année, chiffre qui baissera à 837$ avec l'accroissement de la production l'an prochain. La valeur nette de l'actif au prix courant de l'or est estimée à 5,13$ par action, soit moins que son cours actuel de 5,70$, mais le marché pourrait payer jusqu'à 8,00$ l'action d'ici 12 mois, projette John Hayes. Osisko communiquera ses résultats du dernier trimestre le 13 novembre.