La mort récente du principal actionnaire de Power Corporation (T.POW), Paul Desmarais, a suscité des questions chez des investisseurs, notamment au sujet de possibles réalignements stratégiques du conglomérat.

L'analyste John Reucassel, de la BMO, dit que plusieurs investisseurs lui ont posé des questions à ce sujet dans les derniers jours.

«Ça arrive chaque fois que le fondateur d'une entreprise meurt. Est-ce que les enfants vont décider d'orienter l'entreprise dans une autre direction? La question avait été soulevée dans le cas de Seagram, Molson et McCain. Et elle l'est aujourd'hui avec Power», dit John Reucassel.

Puisque les fils de Paul Desmarais (Paul, jr, et André) assurent la direction de Power Corporation depuis maintenant 17 ans, l'analyste ne s'attend pas à des changements à court ou à moyen terme.

Pour des raisons de santé, Paul Desmarais avait été dispensé d'assister aux réunions du conseil d'administration et de ses comités tenus au cours du dernier exercice financier. Il continuait cependant de suivre les progrès de l'entreprise et était consulté sur les décisions importantes.

Fiducie testamentaire

Au moment de sa mort le 8 octobre, Paul Desmarais était le seul actionnaire de l'entreprise à détenir une participation supérieure à 10%. Il possédait plus de 112 millions d'actions de Power Corp. ayant une valeur au marché d'environ 3 milliards de dollars.

Son emprise sur Power Corp. a déjà été transférée à une fiducie testamentaire qui permet à la famille Desmarais de conserver le contrôle du conglomérat.

Le chef du contentieux chez Power, Stéphane Lemay, dit que la direction entrevoit l'avenir dans un contexte de continuité, «sur les bases solides et les valeurs profondes établies au fil de plusieurs décennies».

Mais ça n'empêche pas les investisseurs de se demander si certains actifs pourraient être vendus, si d'autres pourraient être achetés ou si la structure du conglomérat pourrait être simplifiée de façon à dégager de la valeur.

Cette dernière hypothèse fait référence à l'escompte pour holding que le marché associe traditionnellement à tous les conglomérats.

«La meilleure façon de réduire cet escompte est de démanteler la compagnie. Car quand on additionne tous les morceaux pris séparément, la valeur totale est plus élevée», commente Charles Martin, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez TD Gestion de patrimoine.

«Ça se pourrait qu'éventuellement, il y ait une structure un peu plus clean», dit Marc-André Robitaille, gestionnaire de portefeuille chez AGF.

«Il y a deux escomptes. Un à travers la Financière Power et l'autre à travers Power Corp. Ce n'est pas impossible qu'il y ait un changement un jour pour effacer une partie de l'escompte.»

Marc-André Robitaille ajoute toutefois ne pas porter beaucoup d'attention à cette possibilité. «Je ne base pas ma décision d'achat là-dessus. Mais qui sait, un jour, peut-être qu'on pourrait voir un seul holding. Ça rendrait les choses un peu plus faciles à suivre.»

Son collègue Charles Martin doute que cela survienne. "Ça me surprendrait parce que la famille perdrait un peu de contrôle.»

De plus, un tel changement impliquerait plusieurs choses à considérer, et ce ne serait probablement pas avantageux sur le plan fiscal pour la famille, souligne John Reucassel.

«Investir dans Power, c'est surtout investir dans ses gestionnaires», dit Charles Martin.

«Ils prennent des décisions pour nous en gérant différents actifs et ils l'ont toujours très bien fait. Quand j'analyse Power, je regarde la Financière Power puisque c'est l'actif principal. Et quand je regarde la Financière Power, je regarde surtout la Great-West et la Financière IGM, qui regroupent une grosse partie des actifs.»

Il croit par ailleurs possible qu'il y ait un jour des changements dans la portion des activités minoritaires non associée au secteur financier.

Communications et médias

Une très petite portion des activités de Power Corp. est consacrée au secteur des communications et des médias (La Presse, Le Soleil, Workopolis, etc.).

«S'ils décidaient de procéder à des changements dans ce segment, ça m'inquiéterait moins que si les changements survenaient dans le coeur des activités. C'est vrai qu'on entendait que, pour le père, le journal La Presse était un actif qui lui tenait à coeur. Mais on ne sait pas si c'est la même chose pour ses fils», dit Charles Martin.

Sur la dizaine d'analystes qui suivent les activités de Power Corp., John Reucassel est actuellement le seul qui recommande l'achat de l'action.

Il justifie sa recommandation notamment parce qu'il dit observer un escompte de 19% par rapport à la valeur nette des actifs détenus alors qu'historiquement, cet escompte se situe davantage autour de 15%.

Power Corp. présentera ses prochains résultats trimestriels le 14 novembre.