L'entrepreneur controversé Benoît Laliberté, qui s'est fait connaître avec le fournisseur de solutions informatiques Jitec au plus fort de la bulle technologique en 2000, est toujours bien en piste.

Reconnu coupable de fraude fiscale et de délits d'initié après la chute de Jitec, il tente aujourd'hui d'inscrire sa nouvelle entreprise, Téliphone, au Nasdaq.

«Le processus d'approbation est en cours, et les actions devraient se transiger au Nasdaq dès le mois de décembre», dit l'homme d'affaires de 41 ans.

Les actions de Téliphone se négocient actuellement aux États-Unis sous le symbole TLPH sur l'OTC ("over-the-counter"), un endroit utilisé pour intéresser des investisseurs à des frais moins élevés que dans une grande Bourse comme le Nasdaq.

En accédant au Nasdaq, l'entreprise obtiendrait une meilleure visibilité et rejoindrait un auditoire plus large.

Laliberté a conçu en 2002 une application pour la voix et les données qui est devenue Téliphone, une entreprise enregistrée au Nevada. Le siège social de l'entreprise est à Vancouver, où il dit posséder un condo et passer trois semaines chaque mois.

Il ne tient plus à brasser des affaires au Québec. La mésaventure Jitec a laissé des cicatrices. Il dit avoir passé les 10 dernières années à travailler dans l'ombre, car les portes se refermaient à la simple mention de son nom.

«J'ai dû travailler avec de bons collaborateurs jusqu'à tout récemment, où j'ai jugé que la poussière était suffisamment retombée et je suis revenu à l'avant-plan l'an passé comme président de façon officielle.»

Laliberté affirme que Téliphone a réalisé une douzaine d'acquisitions au cours des neuf derniers mois, «principalement de petites entreprises de 5, 10 ou 15 employés». L'acquisition de Navigata-Westel, il y a un an, serait la transaction la plus importante que Téliphone a pu effectuer jusqu'à maintenant. Laliberté dit avoir acheté Navigata-Westel pour 12 millions grâce à l'aide de capitaux privés.

Il soutient que Téliphone serait aujourd'hui le plus important fournisseur indépendant de services locaux concurrents du pays.

Il compare ce que fait Téliphone aux activités d'Allstream, une entreprise détenue par Manitoba Telecom Services (MTS).

«Nous avons 133 employés, un réseau national de fibre optique, nos propres lignes et nos propres centres de données. Nos clients, comme Bell, Rogers, Shaw, viennent nous voir pour utiliser nos circuits», dit-il.

Un parcours en dents de scie

Lauréat du prix du jeune entrepreneur de l'année de la Banque de développement du Canada en 1996, à l'âge de 24 ans, Benoît Laliberté avait lancé Jitec en Bourse à l'été 2000 après une prise de contrôle inversée de Mines Altavista.

L'action de Jitec avait explosé dès son inscription sur les marchés. Quatre mois après l'entrée en Bourse, Benoît Laliberté était forcé de quitter l'entreprise alors que l'action de Jitec chutait.

Il a été condamné, il y a cinq ans, à payer une amende de près de 1 million de dollars pour des délits d'initié. Il avait été reconnu coupable d'une quarantaine de chefs d'accusation pour avoir contrevenu à la Loi sur les valeurs mobilières.

Laliberté a acheté des milliers d'actions de Jitec par l'entremise de différents tiers sans effectuer les déclarations requises.

Il a aussi eu des démêlés avec Revenu Québec et Revenu Canada pour diverses infractions et n'a pas encore terminé de payer les différentes amendes reçues. Il soutient toutefois effectuer des versements périodiques et affirme qu'il aura tout acquitté d'ici trois ans.

Une requête en recours collectif contre lui, intentée par des investisseurs après la chute de Jitec, est par ailleurs toujours devant les tribunaux. «Le procès devrait avoir lieu en 2015», dit-il.