Les marchés financiers s'étaient résignés, ces derniers mois, à ce que la Réserve fédérale américaine (Fed) diminue leur dose de stimulants monétaires. Il n'en est rien pour l'instant, et de nouveaux sommets sont atteints à New York.

L'indice Dow Jones des industrielles, jusqu'alors dans le rouge, a bondi d'une centaine de points sur le coup de la nouvelle pour terminer la séance d'hier à 15 677 points, un gain net de 147 points par rapport à la veille. Le volume d'échanges a plus que quintuplé dans les 10 minutes suivant l'annonce de la Fed, comparativement à l'activité dans les 10 minutes précédentes.

L'indice élargi S&P 500 affiche pour sa part une hausse de 1,25%, à 1726 points, un autre sommet. Les titres des services publics, très sensibles aux taux d'intérêt, et des ressources, valeurs libellées en billets verts, en ont particulièrement profité. Le marché boursier américain a progressé de 154% au cours des cinq dernières années à la faveur des largesses inédites de la Fed.

À la Bourse de Toronto, l'indice S&P/TSX gagne 97 points, ou 0,8%, à 12 931, également dans un fort volume. Ici, les titres liés aux métaux et minéraux, les petites capitalisations et les fiducies de revenu se sont particulièrement illustrés.

«La Fed va continuer à alimenter la hausse boursière pour au moins encore un mois ou deux, a commenté Terry Sandven, chef stratège chez U.S. Bank Wealth Management, en entrevue à l'agence Bloomberg. D'un autre côté, ça envoie le signal que la Fed n'est pas assez confiante que les conditions économiques s'améliorent à un rythme soutenable.»

La Fed avait provoqué une vive correction sur l'ensemble des grandes places boursières, en juin dernier, en signalant son intention de réduire ses injections de liquidités dans le système financier. Dopés depuis cinq ans par les liquidités qu'ont injectées les banques centrales, les marchés craignaient surtout de subir un sevrage trop rapide.

L'or a aussi profité de l'accroissement de la masse monétaire. Le prix de l'or, en hausse de 56$US, à 1365$US l'once, sur le COMEX, à 16h hier, a regagné presque tout le terrain perdu depuis une semaine, alors que l'on anticipait une réduction immédiate des largesses de la Fed. La montée du métal jaune jusqu'à des sommets historiques en 2011 doit beaucoup aux injections massives de liquidités par la Fed.

Les prix du pétrole ont de même bondi à New York dans un marché surpris par la décision de la Fed tout autant que par la baisse des stocks de brut américain.Le baril de référence (WTI) pour livraison en octobre a augmenté de 2,65$US, à 108$US, selon les chiffres définitifs après arbitrages.

«Le marché du pétrole a fortement réagi, alors qu'il était déjà sur une pente ascendante après la publication des stocks de brut américain mercredi [hier] matin», note Phil Flynn, de Price Futures Group, joint par l'Agence France-Presse.

«L'impact est moindre pour le pétrole que pour les marchés des actions, mais comme la politique de la Fed fait baisser le dollar, elle entraîne indirectement un renchérissement du baril», poursuit-il.

Le pétrole et l'or étant libellés en dollar US, un renforcement du billet vert rend ces biens plus coûteux pour les acheteurs munis d'autres devises. Deuxième source de hausse, l'arrivée massive d'argent frais sur les marchés a tendance à orienter les investisseurs vers les actifs plus risqués comme les matières premières.

Le dollar canadien a aussi profité de la situation. Le huard a bondi de 70 centièmes, à 97,83 cents US, à l'encontre d'un billet vert par ailleurs déprécié face aux autres grandes devises. «Nous nous attendions à des coupes de 10 milliards dans les rachats de bons du Trésor américain, et rien de tout cela n'arrive, commente Charles St-Arnaud, cambiste à Nomura Holdings. C'est très positif pour tous les types d'actifs risqués.»