Les marchés financiers y sont préparés depuis plusieurs mois. La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait annoncer aujourd'hui la réduction de son soutien à l'économie américaine, après cinq ans de largesses inédites.

Le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine termine une réunion cruciale de deux jours au sujet de ses achats de bons du Trésor et de titres hypothécaires en soutien à l'économie. L'annonce d'un ralentissement du programme est grandement anticipée en raison de la reprise américaine. Selon le consensus de marché calculé par l'agence financière Bloomberg, les investisseurs s'attendent à ce que la Fed annonce une réduction immédiate de 10 milliards US de ses achats de titres, pour les ramener de 85 à 75 milliards par mois.

L'annonce, pourvu qu'elle soit conforme aux attentes, aura donc vraisemblablement peu d'impact sur les marchés, dont plusieurs sont à des sommets. Les investisseurs s'interrogent néanmoins sur les dommages collatéraux que la Fed peut causer. Ils seront aussi très attentifs au message de Ben Bernanke, gouverneur de la banque centrale, sur les taux directeurs, historiquement bas.

La Fed avait provoqué une vive correction sur l'ensemble des grandes places boursières en juin dernier en signalant son intention de réduire ses injections de liquidités dans le système financier. Les marchés dopés depuis cinq ans par les liquidités injectées par les banques centrales craignaient surtout de subir un sevrage trop rapide.

Prudence

Les investisseurs se sont montrés prudents, hier, en attendant de savoir à quel rythme la Réserve fédérale américaine compte sortir du «QE3». L'indice Dow Jones des grandes sociétés industrielles s'est maintenu dans une fourchette d'une quarantaine de points tout au long de la séance. En clôture, l'indice sélect affiche 15 529 points, en hausse de 35 points sur la veille.

Les investisseurs ont par ailleurs pris leurs distances des actifs exposés à un renforcement du dollar américain, comme le pétrole et l'or. Un durcissement monétaire pourrait faire descendre le prix de ces biens, devenus à la fois moins attrayants pour les investisseurs et plus coûteux pour ceux munis d'autres devises. C'est ainsi que la Bourse de Toronto, riche en ressources, contient ses gains de la journée à 17 points, pour un compte final de 12 834.

Déjà, lundi, les marchés financiers mondiaux étaient dominés par la Fed. Ils ont réagi positivement à l'annonce de l'abandon par Larry Summers de sa candidature pour succéder à Ben Bernanke à la tête de la Fed, en février prochain. M. Summers, ancien conseiller économique de Barack Obama, était considéré comme un "faucon" en matière de politique monétaire. Janet Yellen, candidate désormais favorite à ce poste, au deuxième rang quant à son importance aux États-Unis, est connue pour son soutien au programme d'assouplissement quantitatif.

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LA RECOMMANDATION

La Deutsche Bank prévoit que la Réserve fédérale réduira de 10 milliards ses achats mensuels de bons du Trésor et amputera de 5 milliards son programme de rachats de titres hypothécaires. Jorge Beristain, analyste en ressources à la banque allemande, croit que le raffermissement prévisible du dollar américain en conséquence mettra les métaux précieux sous pression. Le prix de l'or, à 1309$ US l'once hier, a perdu près de 4% de sa valeur depuis une semaine. La montée du métal jaune jusqu'à des sommets historiques en 2011 doit beaucoup aux injections massives de liquidités par la Fed.