La plate-forme électronique Nasdaq a reconnu sa responsabilité jeudi dans sa panne sans précédent du 22 août, l'a qualifiant d'«inacceptable», tout en blâmant en partie son rival NYSE.

«Nasdaq est très déçu par les événements qui se sont déroulés le 22 août et notre performance (dans la gestion de l'incident) est inacceptable pour nos membres, les émetteurs de titres et les investisseurs», a déclaré le groupe.

Le courtage des actions avait alors complètement cessé sur la plate-forme électronique pendant plus de trois heures, paralysant l'indice composite Nasdaq, à dominante technologique, et des valeurs phares de la place new-yorkaise comme Apple ou Microsoft.

Suite à une enquête préliminaire, le Nasdaq dit avoir «identifié une série d'événements technologiques à l'origine du problème initial sur le marché et ayant conduit à prolonger la durée de la suspension» des cotations.

«Un certain nombre des ces problèmes relèvent clairement de la responsabilité de Nasdaq OMX», a admis le groupe. En tant que gestionnaire du système d'information où sont cotés les actions du Nasdaq, «nous en sommes responsables, nous les regrettons et avons l'intention de prendre toutes les mesures nécessaires pour améliorer la stabilité et le fonctionnement des marchés», a-t-il ajouté.

Pour que la panne ne se répète pas, la plate-forme électronique «travaille actuellement à l'identification de changement potentiels dans la conception» de son système SIP, chargé de faire le lien entre le Nasdaq et les autres bourses d'échange.

Mais «d'autres problèmes ayant contribué à la suspension des cotations sont plus endémiques et relèvent plus de problèmes technologiques liés à la complexité actuelle des marchés», a renchéri Nasdaq. «Leur résolution nécessitera un effort de l'ensemble du secteur.»

Afflux inhabituel de données

Selon le Nasdaq, sa plateforme a notamment été submergée par un afflux de données inhabituelles en provenance de la bourse électronique du New York Stock Exchange, NYSE Arca.

«Le SIP a une capacité limitée» calculée en fonction des besoins des clients auxquels s'ajoute une marge pour permettre de gérer des volumes anormalement élevés, a expliqué le groupe.

Mais dans la matinée du 22 août, le SIP a reçu «plus de vingt séquences de connexion-déconnexion de la part du NYSE Arca» puis un flux de données relatifs à des symboles incorrects générant autant de rejets de la part du système.

Ces deux actions «ont contribué à dégrader le système au delà de la capacité testée de 10 000 messages par port par seconde», a expliqué Nasdaq.

«Pendant cette période, NYSE Arca a envoyé de multiples tentatives de connexion, dépassant les 26 000 messages par port et par secondes», a ajouté le groupe. «Pour comparaison, une journée typique d'août pour NYSE Arca culmine à moins de 1000 messages par port par seconde.»

NYSE a refusé de commenter les assertions du Nasdaq et n'a pas souhaité apporter de clarifications sur ce qui a conduit à l'afflux inhabituel de données.

Mais chez les partisans du NYSE, on faisait remarquer que le Nasdaq devrait être en mesure d'endiguer un flux inhabituel d'ordres sans que cela paralyse tout leur système.

Dans le camp des partisans du Nasdaq on s'étonnait à l'inverse de la «négligence sans précédent du NYSE».

Fortement critiquée pour son manque de communication pendant et après l'incident, le Nasdaq s'engage également à «revoir sa politique et ses procédures de communication avec les clients, les opérateurs de marché et le grand public» durant ce genre d'événement.

L'incident technique du 22 août, le plus important jamais connu par une Bourse d'échanges américaine, tombe très mal pour le Nasdaq qui a déjà vu sa réputation ternie par le fiasco de l'introduction boursière du réseau social Facebook, alors perturbé par d'autres problèmes techniques émanant de ses services.

En outre, dans un contexte de baisse de rentabilité et de forte concurrence entre places boursières, il risque de perdre sa place de numéro deux des Bourses d'échanges américaines: ses concurrents BATS et Direct Edge viennent d'annoncer leur fusion et devraient le supplanter si l'opération est validée par les autorités.