Facebook (FB) a réalisé jeudi la meilleure séance boursière de son histoire, terminant au plus haut niveau depuis le jour de son entrée sur le marché après des résultats semblant prouver qu'il a bien pris le virage du mobile.

Le titre a gagné 29,61% sur la séance pour terminer à 34,36 dollars. Il faut remonter au jour même de son introduction sur le Nasdaq, le 18 mai 2012, pour trouver un cours de clôture plus élevé de 38,23 dollars, légèrement supérieur au prix d'introduction de 38 dollars.

L'aventure boursière avait vite tourné au fiasco. Le titre n'avait plus clôturé au-dessus de 34 dollars depuis sa deuxième séance de cotation le 21 mai (34,03 dollars). Il avait en revanche chuté jusqu'à un plus bas de 17,73 dollars en septembre.

Le principal motif de cet effondrement était l'inquiétude du marché sur la capacité du réseau à «monétiser» ses plus d'un milliard de membres, et en particulier à gagner de l'argent quand ils se connectent via un téléphone intelligent.

Les écrans plus petits de ces appareils de plus en plus utilisés pour accéder à internet ne permettent pas en effet d'afficher les formats de publicités conçus pour les ordinateurs traditionnels.

Facebook a clairement rassuré sur ce point au deuxième trimestre, avec des résultats dépassant largement les prévisions même les plus optimistes.

Le groupe a annoncé mercredi soir un bond de 53% de son chiffre d'affaires trimestriel, à 1,8 milliard de dollars. Ses recettes publicitaires ont décollé de 61%, et 41% d'entre elles sont venues du mobile, contre seulement 30% sur les trois mois précédents et rien du tout il y a un peu plus d'un an.

Audience «irrésistible»

Facebook «s'est attaqué et a probablement vaincu le plus gros problème ayant pesé sur ses jours d'entrée en Bourse: la monétisation mobile», estime dans une note la banque RBC, parlant d'un «point d'inflexion».

Elle souligne que les revenus mobiles sont passés en cinq trimestres de zéro à 2,6 milliards de dollars en rythme annuel, sans décourager les utilisateurs: 61% d'entre eux se connectent toujours au site tous les jours.

«Le deuxième trimestre prouve que la transition mobile de Facebook a été une forte réussite», commente aussi la société de courtage Sterne Agee, qui juge le groupe en bonne position pour nettement améliorer sa part sur le marché mondial de la publicité en ligne.

Celui-ci reste très largement dominé par le géant de l'internet Google, mais la société spécialisée eMarketer estime que Facebook pourrait voir sa part passer de 4,11% l'an dernier à 5,04% pour l'ensemble du marché, et même de 5,35% à 12,9% pour la seule publicité mobile.

Le succès enregistré par Facebook doit beaucoup à un nouveau format de publicités lancé l'année dernière, qui s'affiche directement dans le «fil d'actualité» où ses membres voient les publications de leurs contacts.

Des publicités vidéo dans ce même fil, qui font l'objet de spéculation depuis des mois, «pourraient être les prochaines à rapporter des milliards de dollars», prédit la banque Jefferies, soulignant que pour les grandes marques en particulier, «l'audience massive de Facebook devrait être irrésistible».

Les analystes soulignent aussi le potentiel encore inexploité des désormais 130 millions d'utilisateurs de la filiale de partage de photos, et depuis peu également de vidéo, Instagram.

«Des craintes de surmonétisation peuvent subsister», reconnaît Credit Suisse, qui juge toutefois qu'à 5%, le taux de publicités dans le fil d'actualité reste inférieur à celui d'autres formats utilisés dans d'autres médias.

Certains analystes recommencent même à croire que l'action va pouvoir repasser au-dessus de son prix d'entrée en Bourse: parmi ceux, nombreux, qui ont relevé jeudi leur objectif de cours, les analystes de RBC et BofA visent par exemple 40 dollars, et ceux de Deutsche Bank même 43 dollars.