Il en va de Google comme de l'internet: on y trouve du bon comme du mauvais. Mais l'inestimable moteur de recherche présente plus matière à déceptions pour les investisseurs ces jours-ci, s'il faut en croire la forte réaction des marchés aux résultats trimestriels publiés jeudi soir.

Malgré une croissance à deux chiffres de ses revenus et profits, Google a désenchanté les investisseurs qui attendaient encore mieux. Le titre, qui semblait lancé vers les 1000 $US depuis 2 semaines, a perdu plus de 5 % de sa valeur sur le marché hors cote dans les heures qui ont suivi la publication de son rapport d'étape. L'action s'est néanmoins ressaisie à la reprise des transactions sur Wall Street jusqu'à remonter à 896,60 $US, limitant la perte du jour à 14,08 $US, ou 1,6 %.

Les analyses, qui ont tôt fait de pondérer les points forts et les points faibles du plus récent rapport trimestriel, maintiennent pour leur part leur appréciation, bonne ou mauvaise. Des 49 spécialistes qui s'intéressent au géant américain de l'internet, aucun n'a trouvé matière à changement. Le compte demeure ainsi de 34 «acheter», 14 «détenir» et 1 «vendre». Le prix cible moyen sur 12 mois a toutefois glissé de 985 $ à 979 $.

Voici ce qui pèse dans leur balance.

Points faibles

Ce n'est pas coutume, mais Google a raté les prévisions de la communauté financière. Le bénéfice ajusté par action, la référence sur le marché, a atteint seulement 9,56 $ quand les analystes attendaient 10,78 $, et le chiffre d'affaires a progressé à 14,1 milliards quand le consensus visait 14,4 milliards. « Le défi pour Google est de relancer la croissance des revenus, alors que ses affaires arrivent à maturité », commente Colin Gillis, de la firme new-yorkaise BGC Partners LP, en entrevue à Bloomberg.

Le prix moyen payé par les annonceurs à Google chaque fois qu'un internaute clique sur leurs publicités a reculé de 6 % sur un an et de 2 % sur un trimestre. Les analystes espéraient voir les prix rebondir après le lancement plus tôt cette année d'un nouveau format publicitaire permettant des campagnes regroupées à la fois sur des ordinateurs classiques et sur des appareils mobiles.

La filiale de téléphonie mobile Motorola, acquise à fort prix l'an dernier, a encore plombé les résultats consolidés avec une perte d'exploitation de 342 millions ce trimestre. Cela porte la facture à près de 1 milliard en 9 mois.

Points forts

Google est toujours bon premier dans son principal domaine d'expertise. Le nombre total de « clics » payants a augmenté de 23 %, alors que les analystes projetaient une augmentation de 19 % tout au plus.

Le plan publicitaire multiplateformes, qui était optionnel, sera obligatoire d'ici la fin du mois. Le nouveau système est « l'un des plus gros changements au système commercial de Google depuis sa création », de souligner Ross Sandler, analyste à la Deutsche Bank.

 Google, qui dispose de 54,4 milliards de liquidités, projette des « investissements importants ». Le groupe poursuit notamment son avancée dans les applications pour téléphones multifonctions et tablettes, où se retrouvent aussi les internautes. La presse spécialisée évoquait également cette semaine un projet de service de télévision par internet, pour lequel l'entreprise californienne aurait commencé à approcher de grands médias.

Motorola lancera dans «les prochaines semaines» le «Moto X», le premier téléphone multifonctions conçu entièrement sous l'égide de Google et sur lequel reposent beaucoup d'espoirs. Motorola a par ailleurs tiré un gain extraordinaire de 747 millions ce trimestre de la revente d'éléments d'actif périphériques, comme les décodeurs et modems.

 Android continue sa progression spectaculaire, fait remarquer Michael Graham, de la firme Canaccord Genuity. Le système d'exploitation développé par Google fait aujourd'hui fonctionner environ 900 millions d'appareils dans le monde. Cela représente 70 % du marché contre 20 % pour l'iOS d'Apple.

LA RECOMMANDATION

«Impatients, nous demeurons encouragés par la solide croissance des activités de base de Google dans la recherche. La compagnie est aussi bien positionnée pour profiter du passage de la publicité traditionnelle déconnectée vers les voies numériques», écrit l'analyste Kerry Rice, de la banque d'affaires new-yorkaise Needham & Company qui maintient sa recommandation d'achat avec un prix cible bien rond de 1000 $ par action d'ici 12 mois.