L'or est toujours dans l'oeil du cyclone monétaire. Après avoir péniblement tenté de décoller de la barre des 1200 $US l'once traversée la semaine dernière, le prix du métal jaune est revenu, hier, tester le seuil technique que connaissent bien des chartistes. La séance très active pour un lendemain de 4 juillet s'est terminée sur une valeur de 1212,70$US seulement, une chute de 39$US, ou 3%, par rapport à l'avant-veille.

Si certains soupçons pèsent sur la firme Goldman Sachs pour avoir prédit, sinon provoqué, le krach de l'or de mai dernier, cette fois Ben Bernanke est montré du doigt. En annonçant la semaine dernière que la banque centrale américaine (Fed) allait cesser d'imprimer à tour de bras, son président a profondément bouleversé le marché de l'or qui, pour nombre d'investisseurs, a perdu son attrait contre les dérives inflationnistes des banques centrales. Les chiffres sur l'emploi aux États-Unis publiés hier ont conforté leur appréhension.

Au cours actuel de l'or, le recul est de 33% par rapport aux 1800 $US obtenus il y a encore neuf mois à peine. L'analyste technique Dennis Mark, de la Financière Banque Nationale, note que l'or est «survendu» et qu'un rebond s'impose pour corriger cette situation. À la hausse, un bon niveau de résistance se présente à 1330$US.

Quatorze analystes prévoient une relance de l'or dès la semaine prochaine, tandis que dix croient que la débâcle n'est pas terminée et trois sont neutres, selon un relevé de l'agence financière Bloomberg. Il s'agit du plus fort niveau d'optimisme chez ces stratèges depuis le 7 juin. Cet optimisme emporte même Goldman Sachs qui, au début d'avril, avait pronostiqué la chute de l'or sous les 1550$US.

Fondamentalement, la demande est toujours au rendez-vous. Selon les chiffres du World Gold Council, la demande d'or de joaillerie a atteint un nouveau record au premier trimestre de 2013, à 551 tonnes, avec une hausse notable de la demande en bijoux venant de la Chine et de l'Inde. La demande en or d'investissement a également été soutenue avec des achats de plus de 109 tonnes de la part des banques centrales, essentiellement celles des pays émergents.

Offre stable

Quant à l'offre, elle est demeurée stable depuis un an à 1051 tonnes, tandis que la production minière est en légère hausse de 4% (688 tonnes). La production minière représente ainsi environ 65% de l'offre d'or, le solde provenant d'instruments financiers (l'or papier).

Les minières ont en effet commencé à se discipliner et à restreindre la production et le développement aux sites les plus rentables ou prometteurs. Elles absorbent en effet difficilement la chute de prix pour leur production, elles qui n'ont même pas vraiment profité des forts prix affichés pour le lingot quand il était encore «chaud».

D'autant plus que l'extraction s'avère de plus en plus coûteuse en énergie comme en main-d'oeuvre. Selon une étude récente de BMO Marchés des capitaux, si le coût au comptant d'extraction d'une once d'or n'est que d'environ 600$ en moyenne pour les grands producteurs canadiens, l'opération apparaît déficitaire si l'on tient compte des frais d'administration, de la rémunération du capital et surtout des frais d'exploration pour reconstituer les réserves (all-in sustaining cost). Le World Gold Council soutient un concept comptable semblable depuis la semaine dernière.

Face au recul des prix de l'or, seules les sociétés minières dont les coûts de production sont les plus bas et qui ont suffisamment de trésorerie pourront s'en sortir.