La Bourse de Toronto a plongé dans le rouge jeudi, après que la banque centrale des États-Unis eut signalé la veille que les investisseurs devraient se préparer à voir les mesures de relance économique s'estomper et les taux d'intérêt grimper.

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Les marchés à la fermeture:

TSX: 11 968,57 / -299,72 (-2,44%)

Dow Jones: 14 758,32 / -353,87 (-2,34%)

S&P 500: 1 588,19 / -40,74 (-2,50%)

NASDAQ: 3 364,63 / -78,57 (-2,28%)

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Depuis le début de l'année, l'indice de référence du parquet torontois cumule un recul de 465 points, soit 3,75%.

La glissade de jeudi a été observée dans tous les secteurs du TSX et est partiellement attribuable à la publication de données décevantes sur le secteur de la fabrication en Chine, ce qui a, en retour, fait reculer les cours du pétrole et du cuivre.

Mais le plus important choc au sentiment des marchés est survenu mercredi, lorsque le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Ben Bernanke, a signalé un éventuel ralentissement du programme d'achats obligataires de la banque centrale qui a maintenu les taux d'intérêt à long terme à leur faible niveau. Le moment choisi pour ce changement dépendra des données économiques.

Le dollar canadien s'est pour sa part déprécié jeudi de 0,94 cent US à 96,40 cents US.

La Fed achète chaque mois pour 85 milliards de dollars US d'obligations dans le but de garder les taux d'intérêt à long terme faibles, ce qui doit normalement encourager l'emprunt et les dépenses. Mais l'injection d'argent dans les marchés financiers a aussi entraîné une reprise sur plusieurs marchés à travers le monde, incluant ceux de New York, où le Dow Jones a progressé de plus de 16% sur l'année.

Cette reprise, qui s'est étendue à l'Europe et au Japon, n'a cependant pas été observée à Toronto, essentiellement à cause de la forte pondération du TSX en titres liés au secteur des matières premières. Ces derniers ont souffert des difficultés de la reprise économique mondiale.

Des analystes ont fait valoir que les investisseurs ne s'attendaient pas à ce que M. Bernanke affirme que le programme obligataire prendrait fin si rapidement, et ils doivent maintenant ajuster leurs portefeuilles pour anticiper une hausse des taux d'intérêt.

Les indications d'une éventuelle réduction de cadence des achats obligataires de la Fed ont fait grimper les rendements des obligations. En effet, les prix de ces dernières reculent de crainte que la Fed n'en achète plus autant. Or, nécessairement, lorsque les prix des obligations reculent, leur rendement progresse.

Le rendement des bons du Trésor américain de 10 ans se situait à 2,42% jeudi en fin d'après-midi, en forte hausse par rapport à 2,25% mercredi après-midi avant l'annonce de la Fed. Leur rendement était aussi bas que 1,6% au début mai.

Ces hausses de rendement entraînent des problèmes pour d'autres parties du marché - notamment les secteurs des services publics, des télécommunications, des sociétés de placement immobilier et des pipelines, qui sont tous plus sensibles aux taux d'intérêt.

Par exemple, les secteurs des services publics et des télécommunications affichent des reculs respectifs de près de 12% et d'environ 7% depuis le début du mois.

Les titres des ressources naturelles ont aussi souffert sur le TSX, témoignant des reculs des prix des matières premières et de la stagnation de la croissance mondiale. Le secteur des métaux de base a notamment cédé 16% depuis le début du mois et 30% depuis le début de l'année.

Ces titres ont continué de perdre des plumes jeudi, après la publication d'un indice mensuel sur l'activité des gestionnaires en approvisionnement en Chine - lequel a reculé à un creux de neuf mois. Ces chiffres engendrent des inquiétudes quant à la demande chinoise pour les matières premières.

Le cours du cuivre a plongé jeudi de 8 cents US à 3,06$ US la livre à la Bourse des matières premières de New York, ce qui a tiré le secteur des métaux de base dans une chute de près de 5%.

L'or a aussi passablement souffert, le secteur aurifère ayant plongé de plus de 7% jeudi, ce qui porte sa baisse à plus de 40% depuis le début de l'année.

Le prix du lingot d'or a chuté de 87,80$ US à 1286,20$ US l'once à New York, le faisant passer sous la barre des 1300$ US pour la première fois en près de trois ans. L'action de Goldcorp a perdu 2,12$ à 24,81$, tandis que celle de Barrick Gold a laissé filer 1,45$ à 17,10$.

Le cours du pétrole brut s'est déprécié de 2,84$ US à 95,40$ US le baril à la Bourse des matières premières de New York, ce qui a contribué au recul de 2,3% du secteur torontois de l'énergie. L'action de Suncor Énergie a rendu 68 cents à 30,83$.

Le secteur des services publics a rendu 4,74%, l'action de TransAlta ayant cédé 48 cents à 12,91$.

Le groupe des télécommunications a pour sa part effacé 2,27%, le titre de BCE ayant perdu 97 cents à 43,15$.