Mercredi après-midi, tous les yeux seront tournés vers la Réserve fédérale américaine (Fed) qui annoncera alors si elle amorce un changement de politique en diminuant la quantité d'obligations qu'elle achète chaque mois.

Pas étonnant, car la seule mention du fait qu'elle s'apprête peut-être à le faire a causé beaucoup de volatilité sur les marchés boursiers depuis quelques semaines.

Une diminution des achats mensuels d'obligations par la Fed constituerait une première opération de resserrement de la politique monétaire américaine. Comme les Bourses ont carburé depuis quelques années à la politique très expansionniste de la Fed, faut-il craindre que cette action mette fin à la hausse des marchés?

Peu probable

Pas si on se fie aux expériences passées, répond Pierre Lapointe, stratège chez Pavilion. «L'histoire démontre que la première opération de resserrement lors d'une reprise ne s'accompagne pas de l'arrivée d'un marché baissier», dit-il dans une note à ses clients.

De plus, même si elle désire commencer à normaliser sa politique monétaire, la Fed se retrouve devant une économie plus faible que ce qui est généralement le cas lorsqu'elle entreprend une opération de resserrement. «Pour cette raison, nous ne prévoyons pas de gestes très agressifs de la part des gens de la Fed», dit-il.

À cette réunion, il est plus probable que la Fed se contente de discuter de la façon dont se fera éventuellement le resserrement que de prendre les premières mesures dès maintenant, croit Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. «Bien que l'économie se porte mieux, elle voudra plus d'information avant de passer à l'action», dit-il.

De plus, les spéculations quant à une diminution des achats d'obligations ont entraîné beaucoup de volatilité également sur les marchés obligataires, où les taux ont monté rapidement, constate M. Pinsonnault. «Ce n'est pas ce que l'on veut, et cela a pu faire peur à plusieurs membres de la Fed», dit-il.

Bernanke prépare-t-il sa sortie?

En plus de devoir composer éventuellement avec un changement significatif à la politique monétaire américaine, il semble de plus en plus probable que les investisseurs devront aussi composer avec un changement de président à la Fed.

En effet, nous apprenions récemment que Ben Bernanke ne participerait pas à la Conférence de Jackson Hole, à la fin du mois d'août. La raison invoquée, un conflit d'horaires personnel. Cette rencontre organisée annuellement par la Réserve fédérale de Kansas City se veut un des moments forts en ce qui concerne les discussions entourant la politique monétaire américaine et elle est suivie de près par toute la communauté financière.

L'annonce de l'absence de Bernanke étonne d'autant plus que la Fed aura à décider bientôt du moment où elle commencera à diminuer ses achats d'obligations. Ce sera la première fois que M. Bernanke ne participe pas à la réunion depuis qu'il préside les destinées de la Fed. De fait, ce sera la première fois qu'un président de la Fed rate le rendez-vous depuis 25 ans. «C'est comme si le Père Noël s'absentait le 25 décembre», ironise John Nyaradi, éditeur du site d'information financière Wall St. Sector Selector.

Cela ne peut qu'accentuer les spéculations selon lesquelles Ben Bernanke prépare sa sortie à la fin de son mandat, en janvier 2014, et qu'il veut laisser toute la place au successeur qu'il aimerait peut-être voir à sa place, selon l'éditeur.

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À suivre cette semaine

Lundi

C'est aujourd'hui que s'ouvre en banlieue de Paris le 50e Salon aéronautique et de l'espace du Bourget. Les investisseurs suivront de près tout ce qui émanera de certaines entreprises québécoises, dont surtout Bombardier qui s'apprête à lancer le premier vol d'essai de son nouvel avion CSeries. CAE et Héroux-Devtek seront aussi présents.

Mardi

L'indice des prix à la consommation aux États-Unis pour le mois de mai sera annoncé aujourd'hui. Le consensus des économistes prévoit une augmentation de 0,2%, comparativement à une baisse de 0,4% en avril. Le chiffre est important, car il fait partie de l'équation de la Fed dans sa décision de maintenir ou non son programme d'achats d'obligations.

Mercredi

La Réserve fédérale américaine termine une réunion de deux jours, et les investisseurs surveilleront si elle annoncera qu'elle commence à diminuer son programme d'achats d'obligations. L'annonce sera faite à 14h15. Chez nous, le nouveau gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, prononcera une allocution à 12h40.

Jeudi

Comme les marchés boursiers anticipent de 6 à 12 mois à l'avance ce que sera l'économie, les investisseurs surveilleront de près la publication de l'indicateur avancé de l'économie américaine. Selon les experts, l'indicateur aurait augmenté de 0,2% en mai, comparativement à 0,6% en avril.

Vendredi

Au tour de Statistique Canada d'annoncer deux chiffres importants. L'indice des prix à la consommation pour le mois de mai, pour lequel le consensus prévoit une hausse de 0,4% comparativement à une baisse de 0,2% en avril, ainsi que les ventes au détail pour avril, qui auraient augmenté de 0,2%, selon les prévisionnistes.