Les Bourses européennes ont ouvert jeudi sur une nette baisse, emportées par le plongeon des places asiatiques, Tokyo en tête, les investisseurs craignant une réduction des mesures de soutien économique mises en place ces derniers mois par les banques centrales.

La Bourse de Paris a ainsi démarré en recul de 1,24%, Francfort de 1,47%, Londres de 1,22%. Peu après l'ouverture, Madrid reculait de 1,28% et Milan de 1,30%.

À Tokyo, les cours se sont effondrés, souffrant d'un net regain du yen et de la forte volatilité générée par les soubresauts des monnaies et les spéculations sur les politiques monétaires et économiques des banques centrales et du gouvernement japonais.

Au terme de la séance, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a ainsi plongé de 6,35% à 12.445,38 points, une chute de quelque 844 points, la deuxième plus importante de l'année après celle de 1143 points observée le 23 mai. Depuis le 22 mai, pic de l'année, le Nikkei a cédé 20%.

«Le marché japonais tend à perdre plus que les autres car il a davantage progressé ces sept derniers mois», a expliqué à l'agence Dow Jones Newswires Norihiro Fujito de Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities.

«La chute des marchés japonais devrait entraîner les marchés européens ce matin», ont affirmé les analystes du Crédit Mutuel CIC. «À court terme, l'enjeu pour Shinzo Abe (le premier ministre japonais) est de convaincre les investisseurs du bon calibrage de sa stratégie et du réalisme de ses objectifs. Les doutes nés depuis plusieurs semaines se sont combinés avec ceux liés à l'avenir de la politique monétaire de la Fed».

Dans ce contexte, la réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed les 18 et 19 juin sera déterminante et «d'ici là le marché ne sera pas stable et fera preuve d'une extrême volatilité», a souligné un courtier d'IG.

La confiance s'émousse et «l'aversion au risque progresse», ont également fait remarquer les analystes du Crédit Agricole.

La veille, Wall Street avait reculé de 0,84%, terminant dans le rouge pour la troisième séance consécutive, une première depuis le début de l'année.

La décision de la Banque du Japon, mardi, de ne pas amplifier son récent programme d'assouplissement monétaire destiné à stimuler la croissance du pays a alimenté les craintes des acteurs du marché de voir la Fed commencer à revenir sur ses propres mesures de soutien.

La politique monétaire très accommodante de l'institution a en effet largement soutenu l'embellie des Bourses ces derniers mois, notamment via un programme de rachats d'actifs à hauteur de 85 milliards de dollars par mois qui permet d'inonder les marchés de liquidités.

Elle se réunit la semaine prochaine, un rendez-vous qui pourrait bien sonner la fin de ce programme de rachats d'actifs, selon les opérateurs.

Sur le marché des changes, l'euro continuait à progresser jeudi face à un dollar affaibli par les mêmes spéculations sur la pérennité des mesures de soutien à l'économie, tandis que le yen enregistrait une forte poussée.

Vers 07H40 GMT, l'euro valait 1,3350 dollar contre 1,3337 dollar mercredi à 21H00 GMT. La monnaie unique européenne était montée mercredi en cours de journée jusqu'à 1,3360 dollar, son niveau le plus élevé depuis le 20 février.