Les fonds de placement immobilier (FPI) sont assurément au goût du jour chez les commerçants. Alors que La Baie et Loblaw peaufinent leur projet de rouler leurs bâtisses dans de pareilles fiducies, Canadian Tire (T.CTC.A) a annoncé jeudi son intention de créer un fonds immobilier de 3,5 milliards de dollars avec un premier appel public à l'épargne prévu pour l'automne prochain.

Le plus grand détaillant d'articles d'automobiles et de sport du pays roulera dans son FPI la plupart de ses biens immobiliers comprenant environ 250 propriétés, majoritairement des magasins Canadian Tire, et un centre de distribution. Ça représente approximativement 18 millions de pieds carrés, avec une valeur marchande estimative de 3,5 milliards.

La chaîne, qui possède 99 magasins au Québec, dont un certain nombre en location, prévoit garder de 80 à 90% des actions du FPI. L'émission d'actions n'aura ainsi qu'une «incidence minime sur le bénéfice net consolidé, les flux de trésorerie et les paramètres de la dette», promet la direction de l'entreprise torontoise.

L'incidence sur la valeur boursière a toutefois été immédiate. Le titre s'est apprécié de 18% sur le coup de la nouvelle, jeudi. Il a terminé la séance à 82,36$, en hausse de 11,2% par rapport à la veille, ce qui lui vaut près de 680 millions en bonification boursière instantanée.

Loblaw, plus grand épicier du Canada, a de même annoncé en décembre son intention de rouler son portefeuille immobilier d'environ 7 milliards dans un nouveau FPI, cette année. Le prospectus préliminaire est attendu d'un jour à l'autre, et l'émission devrait être conclue d'ici la mi-juillet.

La Compagnie de la Baie d'Hudson projette aussi de se départir de son riche actif immobilier à l'occasion d'un appel public à l'épargne «dans le futur», a rappelé le président Richard Baker, le mois dernier.

Le titre de HBC a d'ailleurs été emporté par la fièvre des FPI, jeudi. Les actions de la plus vieille entreprise canadienne ont gagné 9,1%, à 17,68$.

Six fonds immobiliers canadiens ont levé ensemble 760 millions cette année, dont Agellan Commercial Real Estate Investment Trust, la première entrée en Bourse au Canada en 2013. On en dénombrait sept pour 500 millions l'an dernier, plus que dans n'importe quel autre secteur.

Ces fonds de briques et de mortier profitent assurément d'un fort engouement en Bourse suscité par leurs alléchants rendements en dividendes.

Selon le service de recherche de RBC Marchés des capitaux, les fonds immobiliers ont produit un rendement total de 16% à la Bourse de Toronto l'an dernier, tandis que l'indice général de référence gagnait à peine 7%.

La recommandation

Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, porte de 79 à 95$ son prix cible pour Canadian Tire, appelé à «surperformer» son industrie. L'analyste évalue la nouvelle composante immobilière à 22$ par action de Canadian Tire. Plus de 6 à 9$ si Canadian Tire y roulait les 7 millions de pieds carrés restants de son lot de magasins, espaces actuellement en réaménagement.