Économistes, stratèges et prévisionnistes, tous utilisent une multitude d'indicateurs pour tenter de comprendre et de prévoir l'évolution de l'économie et des marchés boursiers.

Entre autres, les indicateurs de confiance. Celle des consommateurs, celle des manufacturiers, celle des investisseurs, celle des constructeurs de maison, etc.

Mais bien souvent, ces indicateurs conduisent à des résultats divergents et sèment souvent beaucoup de confusion chez les utilisateurs.

Pavilion Global Markets a étudié les effets d'une accélération des différents indicateurs de confiance sur l'indice S&P 500.

L'étude conclut que seulement deux indicateurs de confiance donnent des résultats statistiques significatifs, soit l'indice des manufacturiers ISM et l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board.

L'étude de Pavilion démontre que lorsqu'il y a accélération de l'ISM durant une période de trois mois, c'est-à-dire que la hausse est de plus en plus forte chaque mois, l'indice S&P 500 est plus élevé trois mois plus tard. Et plus l'accélération est rapide, plus l'indice boursier s'apprécie.

Quant à l'indice de confiance des consommateurs, le même phénomène joue, mais à l'inverse. Il s'avère dans les faits un indicateur contraire. C'est-à-dire que lorsque le niveau de confiance des consommateurs augmente plus rapidement, c'est un signe qu'il faut se méfier du marché boursier.

«En d'autres mots, les consommateurs tendent à devenir plus optimistes lorsque le marché boursier est à un sommet, et plus pessimistes lorsque le marché frappe un creux», résume Pierre Lapointe, stratège chez Pavilion, dans une note à ses clients.

Que disent ces deux indicateurs de confiance aujourd'hui? «La récente accélération de l'ISM et la décélération de l'indice de confiance des consommateurs sont toutes deux de bon augure pour la performance des marchés boursiers au cours des prochains mois», conclut l'étude de Pavilion.

Complaisance face à Chypre

Les marchés boursiers semblent avoir passé avec succès le test que leur a présenté la situation à Chypre. Après un recul jeudi lorsque le Parlement a rejeté le plan de sauvetage des ministres des Finances de la zone euro annoncé le samedi 16 mars, les marchés ont tout regagné le lendemain alors que les tractations se poursuivaient autour de l'élaboration d'un plan B. On cherche à éviter de taxer les comptes bancaires comme le voulait la proposition originale.

S'agit-il d'un aveuglement des marchés devant un indice supplémentaire que la situation en Europe demeure une bombe à retardement qui finira bien par éclater malgré tous les efforts de la Banque centrale européenne (BCE)?

Bien que Chypre n'ait pas la capacité de s'en sortir par elle-même, elle peut être sauvée parce qu'elle est petite, explique François Dupuis, économiste en chef chez Desjardins. Il est probable qu'en fin de compte, Chypre reçoive la totalité de son besoin de financement, soit environ 17 milliards, croit-il.

Au moment de mettre sous presse, un bras de fer se jouait entre les ministres des Finances de la zone européenne et les dirigeants chypriotes, mais les chances étaient bonnes que l'on s'entende sur une solution qui évitera une déroute du système bancaire de l'île de la Méditerranée. «C'est ce que les marchés semblent avoir déjà compris», dit M. Dupuis.

Chez Desjardins, le scénario de base quant aux perspectives des marchés financiers ne prévoit pas une implosion de la zone euro, du moins à court terme. «Mais des événements comme celui que l'on vit à Chypre présentement, il y en aura beaucoup», estime l'économiste. Chaque fois, ils risqueront de torpiller les marchés.

Les dommages seront limités tant qu'il ne s'agira que de petits pays. Mais attention à la France, prévient François Dupuis. Le problème est latent. L'économie de l'Hexagone n'est plus compétitive, et le problème des finances publiques est majeur.

Ne vous laissez pas tromper

On montrerait sûrement du doigt la situation à Chypre, si les marchés boursiers devaient faiblir rapidement cette semaine. Mais cette conclusion pourrait bien être fausse.

Plusieurs analystes croient que les marchés boursiers américain et européens pourraient connaître une correction importante, compte tenu des hausses rapides et significatives qu'elles ont connues au cours des derniers mois.

Depuis le début de l'année, les actions américaines sont en hausse de 11% et les actions européennes, de 10%. Elles auraient donc besoin de prendre un certain recul.

«La pente accentuée de la hausse boursière fait que nous allons demeurer vulnérables à une correction à tout moment», affirme Michael McCarthy, chef stratège chez CMC Markets, en entrevue sur les ondes de CNBC.