Il aura fallu près de cinq ans et demi à la Bourse de New York pour effacer les traces de la dernière crise financière. Porté par un regain d'optimisme des investisseurs, l'indice Dow Jones a établi un record absolu à 14 253,77, hier, s'affichant bien au-dessus des 14 164,53 points atteints le 11 octobre 2007 avant l'effondrement des cours.

Pour sa part, l'indice global Standard&Poor's 500, à 1539,79, est à 1,6% de son record historique, atteint le même jour que le Dow. Nombre de spécialistes et investisseurs gardent d'ailleurs le champagne au frais en attendant que se démarque cet indice nettement plus représentatif du marché.

Pour le marché boursier canadien, l'histoire est tout autre. Lesté par les pétrolières et autres titres liés aux ressources naturelles, il lui faut encore gagner 16% pour retrouver son sommet de 2008. L'indice composé S&P TSX a gagné 28,6 points, à 12 736, hier.

Le Dow Jones efface en quelque 65 mois toutes les pertes subies depuis l'éclatement de la bulle immobilière américaine et l'effondrement des banques qui s'ensuivit. Il lui avait fallu un an de plus pour se relever de l'éclatement de la bulle internet au début des années 2000.

Le Dow Jones poursuit une incroyable remontée depuis quatre ans. Il a plus que doublé de valeur depuis le creux du printemps 2009. American Express, Caterpillar et Home Depot ont mené la reprise avec des gains de plus de 275%. Les banques restent à la traîne.

Et dépasser le record «n'est pas qu'un événement médiatique», assure Gregori Volokhine, de la société de gestion privée Meeschaert New York. «C'est bon pour le moral des ménages», dans un pays comptant nombre d'investisseurs individuels, souligne ce gestionnaire de portefeuilles.

Les marchés restent portés par la politique ultra accommodante de la Réserve fédérale américaine (Fed). La vice-présidente de la banque centrale des États-Unis, Janet Yellen, pressentie comme l'une des éventuelles remplaçantes de Ben Bernanke, a plaidé pour que la Fed continue à plein régime ses injections massives de liquidités sur le marché. Les investisseurs se réjouissent également d'un arrangement des républicains permettant de financer l'État fédéral américain jusqu'à la fin de septembre et d'éviter ainsi la crise qu'aurait suscité une fermeture des services publics non essentiels le 27 mars.

La Bourse de New York demeure 20% moins élevée qu'à son sommet précédent au chapitre du ratio cours/bénéfices. Le S&P 500 représente un multiple de 15 fois les profits affichés l'an dernier, lesquels ont surpassé toutes les attentes, comparativement à un multiple de 17,5 lors du sommet boursier d'octobre 2007.

Les optimistes croient que cela laisse de la place pour plus d'appréciation, tandis que les pessimistes y voient un manque de confiance dans la croissance de l'économie et de la rentabilité des entreprises.

Quoi qu'il en soit, les profits des entreprises devraient continuer de doper le marché. Les analystes projettent une croissance de 9,2% cette année et de 9% l'an prochain. À plus de 120$US l'action, le bénéfice tiré du panier de titres du S&P 500 l'an prochain double le produit de 2008.

Les investisseurs sont notamment attirés par la généreuse redistribution de ces profits. Les 30 entreprises composant le Dow Jones rapportent 2,5% en dividendes alors que les bons du Trésor de 10 ans rapportent moins de 2%.