Le milieu d'affaires québécois n'échappe pas au contexte de ralentissement économique et le malaise qu'il suscite en Bourse quant à la valeur attribuée aux actions des entreprises.

Même que les prochains résultats de certaines entreprises phares de Québec inc. en Bourse seront plus suivis que presque jamais auparavant devant les attentes des analystes et des investisseurs. Parfois pour du meilleur, mais aussi pour du pire.

À l'aube d'une autre saison de résultats trimestriels, La Presse Affaires a relevé un échantillon de Québec inc. en Bourse dans des secteurs d'activité les plus touchés par la conjoncture: les transports, les détaillants et les services professionnels.

Transports

Pour les investisseurs boursiers, le secteur des transports est aux premières loges de la conjoncture économique. Et le Québec inc. y est bien représenté avec de grandes entreprises dirigées de Montréal: le Canadien National dans le ferroviaire, Air Canada et Transat A.T. dans le transport aérien de passagers, Bombardier dans la construction d'avions et de trains pour passagers, TransForce dans le camionnage.

Parmi ces entreprises, deux seront particulièrement sous la loupe pour leurs prochains résultats.

Chez Bombardier, alors que les doutes s'amplifient quant aux échéanciers de réalisation des nouveaux avions CSeries, les analystes s'attendent à la pire fin d'exercice en matière de revenus depuis six ans.

Le chiffre d'affaires du quatrième trimestre clos le 31 décembre est prévu en baisse de 3,8% en un an. Et la marge bénéficiaire nette pourrait être l'une des plus faibles en cinq ans pour un quatrième trimestre.

Cela dit, en Bourse, la déception de Bombardier en 2012 (rendement négatif de 3%) pourrait être renversée si les avions CSeries décollent bientôt comme prévu. Avec des actions autour de 3,90$, les analystes en recommandent l'achat à deux contre un par rapport aux avis de «conserver» et de «vendre». Avec un prix cible à 4,70$ d'ici un an, le rendement potentiel pourrait atteindre 20%.

L'autre grande entreprise québécoise des transports dont les prochains résultats seront très suivis est Transat A.T., mise à mal par la vive concurrence dans son marché des voyages de tourisme.

Sa récente fin d'exercice 2012 (au 31 octobre) était la pire depuis celle de la crise financière et de la récession de 2008.

Pour ses prochains résultats trimestriels (clos le 31 janvier), les analystes anticipent une autre baisse des revenus, autour de 5% en un an, et le creusement du déficit d'exploitation.

Si ces prévisions s'avèrent, il s'agirait d'une autre tuile pour les actionnaires de Transat A.T, déjà appauvris de 18% depuis un an.

Détaillants

Les derniers mois de l'année sont les plus importants pour la plupart des détaillants. Surtout ceux des achats discrétionnaires, c'est-à-dire moins essentiels que les aliments, les vêtements de base et les produits de santé.

Parmi ces détaillants, deux entreprises québécoises sont particulièrement suivies en Bourse pour leurs prochains résultats.

Le détaillant général à petits prix Dollarama doit maintenir son rythme de croissance afin de justifier sa forte valeur boursière.

Ses plus résultats trimestriels (au 30 octobre) affichaient une croissance forte de 14% des revenus et une marge bénéficiaire nette de 11%, enviable parmi les détaillants généralistes.

Les investisseurs et les analystes en attendent au moins autant au cours des prochains trimestres. À commencer par l'exercice qui se terminera le 31 janvier, avec des revenus attendus de tout près de 1,9 milliard et une marge bénéficiaire nette frôlant 12%.

En Bourse, les actionnaires de Dollarama se sont enrichis d'au moins 30% depuis un an. Mais ils auraient fait mieux sans le repli survenu depuis la mi-décembre, alors que des doutes ont émergé quant à la rentabilité prochaine d'une telle croissance.

La situation est plus tendue parmi les actionnaires du grand quincailler Rona.

Pendant que l'intrigue persiste sur un retour ou non du géant américain Lowe's avec une offre d'achat, ils subissent la dégradation marquée des résultats d'exploitation de la société. Ralentissement du marché résidentiel, croissance trop rapide et trop peu rentable: les défis se bousculent au siège social de Rona.

Ses dirigeants promettent un nouveau plan d'affaires détaillé au moment des prochains résultats trimestriels, en février. Entre-temps, la fin d'exercice 2012 s'annonce faible chez Rona, pour la deuxième année consécutive.

Les analystes anticipent un recul de 3% des revenus au quatrième trimestre, qui serait le pire depuis 2007. La marge bénéficiaire d'exploitation pourrait être d'à peine 1,5%, cinq fois moins que la moyenne des mêmes trimestres depuis 10 ans.

Services professionnels

En Bourse, Québec inc. compte deux multinationales des services professionnels: SNC-Lavalin en génie-conseil et CGI en informatique de gestion.

Mais leurs prochains résultats trimestriels sont très attendus pour des raisons opposées.

Chez SNC-Lavalin, déjà échaudés par les accusations de fraude envers d'ex-hauts dirigeants, les actionnaires appréhendent les effets de cette crise de gestion sur le carnet de commandes. Ces effets risqueraient de nuire aux résultats d'exploitation déjà ternis par le ralentissement de l'économie mondiale.

En Bourse, ces appréhensions ont alimenté le recul de 20% de SNC-Lavalin depuis un an.

Chez les analystes, on prévoit une croissance annualisée presque nulle des revenus de SNC-Lavalin lors de son quatrième trimestre clos le 31 décembre. Il s'agirait d'un contraste marqué par rapport à la croissance moyenne de 15% lors des huit trimestres précédents.

Pour CGI, c'est à la suite de l'énorme acquisition réalisée il y a quelques mois au Royaume-Uni (2,8 milliards pour Logica) que ses prochains résultats trimestriels sont parmi les plus attendus de Québec inc.

D'autant plus que les précédents, pour le trimestre clos le 30 septembre, ont été surprenants en raison de l'ampleur des surcoûts liés à l'acquisition, qui ont plongé le résultat net dans l'encre rouge.

Pour le trimestre clos le 31 décembre, les analystes anticipent un retour à la rentabilité pour CGI, mais à un niveau bien inférieur à sa moyenne depuis deux ans.

Un résultat moindre pourrait nuire encore à la valeur boursière de CGI. Elle a déjà reculé de 18% depuis le sommet de septembre dernier, trois mois après l'annonce de l'acquisition de Logica.