Grâce à la reprise du marché immobilier et à un desserrement du contrôle de la Réserve fédérale (Fed), certaines grandes banques américaines offriraient la meilleure occasion d'achat depuis des années. C'est du moins l'opinion qu'a exprimé Meredith Whitney sur les ondes de CNBC plus tôt cette semaine.

L'ex-analyste et directrice d'Oppenheimer, qui dirige aujourd'hui sa propre firme de recherche créée en 2009, avait atteint une grande notoriété pour avoir prédit en 2007 la déroute qu'allait connaître Citigroup au cours des années suivantes.

Aujourd'hui, elle croit que cette même Citigroup, ainsi que Bank of America et Discover Financial principalement, profiteront du fait que le vent a tourné du côté du marché immobilier.

Mais aussi, la Fed pourrait permettre à des banques qui auront suffisamment redressé leur situation financière de retourner, au mois de mars, plus de capitaux aux actionnaires sous forme de dividendes et de programmes de rachat d'actions.

Par exemple, si elle obtient l'approbation de la Fed, Bank of America pourrait majorer son dividende dans un premier temps de 1 cent à 4 cents, estime Mme Whitney. L'impact sur la perception des investisseurs pourrait être important.

Les banques américaines annonceront à la mi-janvier des bénéfices records pour le quatrième trimestre, croit Dick Bove, jusqu'à récemment analyste chez Rochdale Securities.

Il prévoit qu'ils atteindront 38 milliards US pour cette période de trois mois, soit une augmentation de 50% comparativement au même trimestre de l'année précédente.

Il croit que l'industrie bancaire américaine est maintenant surcapitalisée, ce qui prêche également en faveur d'une hausse des dividendes et des rachats d'actions. «Le marché ne reconnaît pas encore les perspectives enviables de l'industrie bancaire», dit-il.

Les États-Unis par rapport au Canada

Bien qu'elles aient annoncé il y a à peine quelques semaines d'excellents résultats trimestriels qui surpassaient les attentes de la majorité des analystes, les banques canadiennes devraient quand même céder le pas aux banques américaines au chapitre de la performance boursière au cours des prochains trimestres, croit Claude Boulos, associé chez Gestion de portefeuilles Selexia.

Chez les banques américaines, le processus visant à se départir d'actifs, qui avaient causé de lourdes pertes au cours de la crise financière en raison de la qualité douteuse et des effets de levier, a été entrepris il y a cinq ans et tire maintenant à sa fin, estime-t-il.

Mais aussi, les banques canadiennes souffriront d'une croissance des prêts plus lente qu'aux États-Unis. «Le rythme de l'endettement des ménages canadiens devra ralentir, car il excède 150% du revenu disponible et surpasse maintenant celui des ménages américains», dit-il.

De plus, la valorisation boursière de plusieurs grandes banques américaines ne reflète pas un environnement qui s'est grandement amélioré, suggère-t-il. Plusieurs banques, dont JPMorgan Chase et Citibank, se négocient à un prix nettement inférieur à leur valeur comptable.

Au Canada, c'est tout le contraire, les actions des banques s'échangent à près de deux fois leur valeur comptable.

Enfin, les investisseurs étrangers ont été des acquéreurs importants d'actions de banques canadiennes au cours des dernières années. Mais maintenant que les perspectives sont meilleures aux États-Unis, on peut croire que ces flux monétaires vont s'inverser, ce qui risque d'ajouter de la pression sur les cours des banques canadiennes.

Intéressantes néanmoins

Bien que les perspectives puissent sembler moins invitantes, les banques canadiennes demeurent néanmoins des investissements intéressants, croit l'associé de Selexia.

«Au quatrième trimestre, la croissance des prêts a surpris, le contrôle des coûts a été efficace et les opérations sur les marchés des capitaux ont livré de bons résultats malgré un environnement quelque peu hostile», dit-il.

Les banques ont d'ailleurs surclassé l'indice S&P/TSX en 2012. Depuis le début de l'année, le rendement total des banques est de 16% comparativement à 6% pour l'indice composé.

En 2013, le rendement des banques canadiennes devrait varier de 7 à 9%, estime M. Boulos. Soit de 3 à 5% dû à la croissance, et 4% provenant des dividendes.