Alors que la course à la Maison-Blanche demeure serrée à quelques jours du scrutin, les divergences de point de vue des deux opposants sur la conduite de l'économie font que le résultat pourrait avoir un impact important sur les marchés boursiers.

C'est du moins ce que révèle une enquête menée par Barclays auprès d'investisseurs institutionnels.

Dans l'éventualité où Barack Obama serait reporté au pouvoir le 6 novembre, les deux tiers des grands fonds souverains interrogés par Barclays ont dit craindre une baisse substantielle des marchés boursiers. Ces mêmes fonds prévoient une hausse modérée des marchés si Mitt Romney l'emportait.

Les autres groupes participants à l'enquête, soit des gestionnaires de fonds institutionnels, des banques, des fonds de couverture et des corporations, ont fait part dans l'ensemble d'une opinion un peu plus modérée.

Mais un constat ressort. Pour la majorité d'entre eux, les marchés vont rallier si Romney l'emporte, alors qu'ils afficheront une performance de neutre à négative si Obama conserve la Maison-Blanche.

Les résultats de l'enquête reflètent bien ce que dégagent les deux politiciens sur Wall Street, explique Viet Buu, président de CTI Capital.

Barack Obama a remporté la présidence à l'automne 2008 alors que la crise financière atteignait son paroxysme. Durant les années suivantes, il s'est engagé dans une croisade contre les grandes banques qu'il tenait en partie responsables de la crise.

Ses politiques tendent aujourd'hui à restreindre leurs opérations, comme la règle Volcker qui vise à limiter les investissements spéculatifs des banques.

Tout à l'opposé, Mitt Romney prêche en faveur d'une plus grande place à l'entreprise privée et une plus grande liberté des banques dans tous les champs d'activités. «Pas étonnant que Wall Street préfère Romney», dit M. Buu.

Les récents mouvements boursiers démontrent également ce penchant favorable des marchés pour le candidat républicain. L'indice S&P 500 a atteint son sommet de l'année le 15 septembre.

Il s'est ensuite bien maintenu alors que Mitt Romney causait une surprise en surclassant le président lors du premier débat entre les deux candidats le 3 octobre.

Mais dès le lendemain du troisième débat, le 16 octobre, alors que Barack Obama semblait l'avoir emporté, l'indice a entrepris une correction. Il a perdu 50 points en quelques jours, soit un recul d'environ 3,5%.

Ismaël Chiadmi, directeur de la recherche quantitative chez Montrusco Bolton, croit que la réaction à une victoire d'Obama pourrait être négative, mais pas suffisamment pour prévoir un plan de contingentement à cet effet.

Ce qui a soutenu les marchés boursiers depuis un an ou deux selon lui, ce sont les actions du président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke. «Et si Barack Obama est reconduit à la Maison-Blanche, cela assure que Bernanke demeurera en poste et que les actions de la Fed se poursuivront», dit-il.

Une victoire de Mitt Romney pourrait permettre aux marchés boursiers de rallier, car le candidat républicain affirme ouvertement être pro-entreprises, ajoute Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

«Mais à plus long terme, l'histoire démontre que les marchés ont tendance à donner de meilleurs rendements sous les administrations démocrates», précise-t-il.

Mieux vaut se préparer pour Barack Obama

Il semble qu'il faille de plus en plus se préparer à l'éventualité d'une réélection du président Obama, selon le site intrade.com qui tient un marché virtuel sur les résultats de ce type d'événement.

Le cours actuel auquel se négocie le choix de Barack Obama comme vainqueur de l'élection du 6 novembre indique une probabilité de 67% qu'il soit réélu, comparativement à 55% la semaine dernière.

De plus, la probabilité que le président sortant l'emporte dans l'état névralgique de l'Ohio est de 69%. Le partage des chambres devrait toutefois se perpétuer au cours des deux prochaines années.

En effet, les républicains auraient 95% des chances de conserver leur majorité au Congrès, alors que les démocrates sont favoris à 73% pour demeurer majoritaires au Sénat, selon intrade.com.

Le réputé magasine TheEconomist a annoncé jeudi qu'il appuie la candidature de Barack Obama, tout comme le maire de New York, Michael Bloomberg, bien qu'il soit d'allégeance républicaine.