Les marchés boursiers américains ont repris leurs activités tant bien que mal, mais de façon plus ordonnée qu'anticipé, hier, après deux jours consécutifs de paralysie occasionnée par le passage de l'ouragan Sandy.

Le maire de New York, Michael Bloomberg, a fait sonner la traditionnelle cloche d'ouverture, à 9h30, indiquant que la Bourse comme sa ville étaient maintenant opérationnelles malgré les intempéries des derniers jours. La grande Bourse américaine loge dans la partie sud de Manhattan particulièrement touchée par les intempéries et confrontée à une rupture de courant quasi totale, encore hier.

«Je suis heureuse de voir que les marchés financiers nationaux ont pu reprendre leurs activités en dépit des dégâts subis à cause de l'ouragan Sandy», s'est félicitée Mary Schapiro, présidente de la Securities and Exchange Commission, dans un communiqué.

Les marchés étaient opérationnels certes, mais pas à plein rendement, d'où probablement les volumes de transactions moins élevés que craint. Nombre de courtiers et autres salariés du secteur de la finance à New York étaient encore coincés chez eux en raison des problèmes de transport dans la ville. La firme Knight Capital a notamment été mise hors jeu en cours de séance à la suite d'une défaillance électrique.

Sur le parquet, alimenté par des groupes électrogènes, certains écrans étaient toujours noirs, pouvait-on constater. Les communications par internet et téléphones mobiles étaient limitées sur le parquet. La plateforme électronique de transactions BBSS (Broker Booth Support System) fonctionnait normalement, bien que les commandes entrant par internet devaient y être redirigées.

«On doit être l'un des seuls immeubles au sud de Midtown disposant d'eau, de lumière et de nourriture», a noté sur le ton de la plaisanterie le directeur de NYSE Euronext, Duncan Niederauer, sur les ondes de la chaîne financière CNBC.

Les marchés étaient plus hésitants qu'erratiques comme appréhendé. Le Dow Jones a rouvert en hausse jusqu'à atteindre 13 189 points avant de se retourner et toucher un bas de 13 052 en milieu de séance, puis remonter jusqu'à 13 096 en clôture, un recul minime d'une dizaine de points comparé à vendredi. Quelque 138 millions d'actions ont changé de main, ce qui se compare à l'activité des séances pré-Sandy, sans plus. De son côté, le NASDAQ, à dominante technologique, est demeuré en territoire négatif presque toute la séance et a terminé en retrait d'une dizaine de points également, à 2977.

«Cette séance a manqué totalement de conviction», a résumé Gregori Volokhine, de Meeschaert New York, en entrevue à l'AFP.

Comme prévu, les compagnies d'assurances ont été malmenées en raison des coûts potentiels de la dévastation des ouragans sur la côte Est, mais les banques ont bien performé alors que les affaires reprenaient après deux jours d'arrêt. Les premières estimations des dégâts assurés vont de 5 à 10 milliards US.

La firme Travelers Cos. a été la plus touchée des 30 composantes du Dow Jones avec une baisse de près de 1%. Tous les assureurs ne partageaient cependant pas la même infortune. Allstate, American International Group, Prudential Financial et MetLife sont pratiquement demeurés inchangés.

Annoncé pendant la fermeture exceptionnelle de Wall Street, le remaniement à la tête d'Apple était sanctionné par les investisseurs à la reprise des transactions boursières. Apple a annoncé lundi le départ de deux de ses dirigeants, dont le responsable de son système d'exploitation pour mobiles critiqué pour la substitution ratée de l'application de cartographie de Google par un produit maison, sur le nouveau système d'exploitation de l'iPhone. Le titre a perdu 1,4%, à 595,32$US.

Autre vedette du NASDAQ, Facebook a chuté de 3,79%, à 21,11$US, après avoir fortement augmenté la semaine précédente et alors qu'une période de blocage des ventes de titres pour certains actionnaires arrivait à expiration ajoutant au volume d'actions en circulation.

Du côté des gagnants, la chaîne Home Depot s'est démarquée tout au long de la séance avec un gain de 2,3% au final. Les centres de rénovation devraient profiter des travaux de reconstruction dans les zones traversées par Sandy.

Sur les places boursières canadiennes, les titres ont en général bien fait, tandis que les volumes revenaient à la normale des dernières semaines. On rapporte que 178,3 millions d'actions ont changé de main pour une valeur de 2,7 milliards US.

La suspension des transactions à Wall Street, lundi et mardi, était la première fermeture non prévue des marchés américains depuis septembre 2001, et la première interruption sur deux jours de suite en raison d'intempéries depuis les 12 et 13 mars 1888, quand la ville de New York avait été ensevelie sous la neige.