Après un été somme toute fort intéressant qui s'est soldé par une embellie boursière de plus de 10% aux États-Unis, c'est maintenant la rentrée qui s'amène avec son lot d'événements qui pourraient déterminer la tenue des marchés au cours des prochaines semaines. Quels seront les plus déterminants?

Dès demain, les investisseurs auront à composer avec une réunion de la Banque centrale européenne (BCE) qui pourrait être significative. Le lendemain, le Département du travail américain fera connaître les statistiques de l'emploi pour le mois d'août. Cela sera suivi par la réunion de la Réserve fédérale (Fed) la semaine prochaine. Et tout cela alors que l'on approche de l'élection américaine qui ramènera inévitablement dans l'actualité la question du précipice fiscal en fin d'année. Que faudra-t-il surtout surveiller?

L'Europe demeurera une source d'inquiétude pour les investisseurs pendant encore un bon moment. Parce qu'il s'agit de problèmes structurels, la situation ne peut pas se régler rapidement, explique Benoît Durocher, vice-président exécutif chez Addenda Capital. «Sûrement que les Européens vont encore faire monter la température sur les marchés de temps à autre», dit-il.

Mais à court terme, on ne prévoit pas que la BCE décevra les investisseurs. Le président de la BCE, Mario Draghi, semble s'être assuré les appuis nécessaires pour rendre possible un plan visant à acheter les obligations des pays qui connaissent des difficultés à se financer, tels l'Espagne et l'Italie. Ne reste plus qu'à déterminer les modalités.

Les dirigeants européens se sont d'ailleurs fait rappeler la nécessité d'une action rapide hier alors que Moody's a réduit son évaluation des perspectives européennes à négative. Cela précède souvent une décote.

Bien qu'à court terme l'Europe ne devrait pas constituer un écueil pour les marchés, il faut certes garder à l'esprit qu'elle pourrait susciter encore plusieurs moments de forte volatilité au cours des prochains mois.

L'immobilier aussi

La publication des chiffres de l'emploi aux États-Unis retient chaque premier vendredi du mois l'attention des investisseurs pour qui ils représentent d'abord le pouls de l'économie, mais aussi parce qu'ils leur permettent d'anticiper les prochaines actions de la Fed, dont un des objectifs est justement de stimuler l'emploi.

On prévoit que les statistiques qui seront publiées vendredi indiqueront une création de 125 000 emplois durant le mois d'août. «Il est clair que les économies américaine et canadienne ne sont pas en récession», conclut M. Durocher.

Toutefois, une bonne nouvelle au chapitre de l'emploi pourrait ne pas nécessairement être bien reçue par les investisseurs, car elle pourrait éloigner la prochaine intervention de la Fed. Et on sait comment les marchés carburent aux actions de la Fed.

Les investisseurs sont tous dans l'entente d'un troisième programme d'assouplissement quantitatif (QE 3). Les membres du comité qui formule la politique monétaire, le Federal Open Market Committee (FOMC), se réuniront les 12-13 septembre. Vont-ils annoncer le lancement de QE 3, ou vont-ils plutôt reporter la décision à la réunion suivante? La réponse à cette question pourrait bien déterminer la tenue des marchés boursiers au cours des prochaines semaines.

Mais au-delà de l'emploi, c'est vers le secteur immobilier que l'attention doit se porter, explique Jean-Luc Landry, président de Landry Morin. Et ce secteur a tourné, selon lui. «Les prix des maisons ne baissent plus, et les compagnies associées à l'immobilier, par exemple Sherwin-Williams, sont actuellement les leaders du momentum boursier, c'est-à-dire que ce sont elles qui font meilleure figure», dit-il.

L'immobilier, un stimulant

Même que la firme d'analyse du marché immobilier CoreLogic annonçait hier que les prix des maisons aux États-Unis avaient augmenté de 3,8% pour la période de 12 mois terminée en juillet, soit la meilleure statistique depuis 6 ans. «C'est l'immobilier qui stimulera l'emploi éventuellement et qui va soutenir le marché boursier», dit M. Landry.

Reste l'élection américaine et le précipice fiscal. Si rien n'est fait d'ici le 1er janvier, la fin de certaines baisses d'impôts, accompagnée par des coupes de dépenses automatiques, occasionnera une ponction sur l'économie américaine équivalente à 4% du PIB. Elle plongera assurément en récession, estime Jean-Luc Landry.

Chose certaine, tant que cette attitude persistera, les projets d'investissement de plusieurs grandes sociétés américaines seront mis en veilleuse. Mais pour l'instant l'attention des investisseurs se porte ailleurs.