Les dirigeants du quincaillier américain Lowe's (LOW) ont jeté une douche froide sur les actionnaires de Rona (T.RON) à l'occasion de la présentation de ses résultats d'exploitation du deuxième trimestre. Des chiffres décevants jusqu'à mettre en doute la capacité de Lowe's à prendre en mains les destinées du quincaillier québécois... si telle est toujours sa volonté.

Les actions de Rona ont abandonné près de 2% de leur valeur, hier, devant le peu d'intérêt manifesté à son endroit par son prétendant. À 13,50$, le titre représente une escompte de 6% par rapport à la dote de 14,50$ avancée par Lowe's.

Le géant américain a lui aussi pâti sur les marchés boursiers, abandonnant près de 6% de sa valeur à 26,26$US pièce, en raison essentiellement de la faiblesse de ses résultats. Sa distanciation du quincaillier québécois serait plutôt favorable à son cours.

Lowe's avait largué près du dizième de sa valeur boursière après avoir avoué son béguin pour Rona, une attirance non partagée et mal percue par la communauté financière américaine. Le titre avait repris quelques dollars depuis, alors que s'accumulaient les obstacles.

Lowe's a indiqué hier que l'acquisition souhaitée ne se concrétiserait pas avant l'année prochaine, si elle se réalise.

«Une transaction n'est pas imminente. Même si nous pouvions y arriver, l'opération ne serait pas conclue avant 2013», a affirmé le chef de la direction de Lowe's, Bob Niblock, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes faisant suite à la publication de ses résultats trimestriels.

Lowe's, établi à Mooresville en Caroline-du-Nord, évalue plusieurs scénarios pour renforcer sa présence au Canada. L'offre de 1,76 milliard de dollars pour Rona n'est qu'une option parmi d'autres, a précisé M. Niblock.

Le conseil d'administration de Rona a déjà rejeté l'offre non sollicitée de Lowe's en disant qu'elle n'était pas dans le meilleur intérêt de ses actionnaires. La proposition a également suscité une volée de bois vert dans les milieux politiques québécois en début de campagne électorale.

Lowe's réaffirme vouloir conclure une opération amicale. «Nous n'allons pas faire quelque chose qui n'a pas de sens à long terme pour l'entreprise, a dit M. Niblock. Nous n'allons pas payer trop cher pour quelque chose qui ne rapporterait pas un rendement adéquat.»

Profits moindres que prévu

Deuxième quincaillier en importance du monde, après Home Depot, Lowe's a déçu ses propres actionnaires en dévoilant pour le dernier trimestre un bénéfice trimestriel de 747 millions de dollars américains, ou 64 cents US par action. Il s'agit d'une baisse de 10% par rapport à la même période de l'année dernière, et bien en deçà des prévisions des analystes qui s'attendaient à voir un profit de 70 cents par action.

Le chiffre d'affaires de Lowe's a glissé de 2% à 14,25 milliards, une contraction deux fois plus importante qu'attendue par les observateurs financiers. Pire, les revenus des magasins comparables ont reculé de 0,4% à travers le monde et de 0,2% aux États-Unis alors que chez le concurrent Home Depot, le volume d'affaires comparable a augmenté de 2,1% pendant cette même période.

Lowe's a fermé 27 magasins aux États-Unis depuis un an, ce qui a entraîné la perte de 500 emplois. Elle compte maintenant 1748 magasins aux États-Unis, au Canada et au Mexique. L'entreprise mise sur un réalignement de sa gamme de produits pour améliorer sa rentabilité. Les articles peu populaires sont retirés du catalogue et les promotions sont abandonnées au profit de meilleurs prix tous les jours.

«La transition à une politique de bas prix quotidiens se révèle chaotique», commentait l'analyste Daniel Binder de la firme newyorkaise Jefferies&Co. dans un rapport récent. Selon lui, abandonner les promotions peut se révéler «difficile dans un environnement où le consommateur a besoin d'être motivé, surtout pour les objets dispendieux».

Pour l'exercice 2012, Lowe's a abaissé ses prévisions de profit à 1,64$ par action mais prévoit des revenus comparables à ceux de l'exercice précédent, à 50,21 milliards.