Les décisions qu'annonceront les banques centrales américaine et européenne cette semaine vont probablement déterminer ce que sera le mois d'août en Bourse.

Depuis que le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a déclaré jeudi dernier que l'institution qu'il dirige était disposée à prendre tous les moyens nécessaires pour sauver l'euro, l'enthousiasme est revenu.

Les Bourses ont bondi, mais, aussi, la devise européenne s'est redressée et est repassée au-dessus de 1,23 dollar américain pour la première fois depuis près de trois semaines.

La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, sont venus appuyer dès le lendemain les propos de Mario Draghi.

«Toutes ces déclarations des dirigeants européens indiquent qu'ils préparent quelque chose de gros», dit Kathy Lien, associé chez BK Asset Management, en entrevue à CNBC.

Les spéculateurs, qui ont établi de grosses positions à découvert sur le marché de l'euro, pourraient maintenant sentir l'étau se resserrer sur eux, croit-elle. Une vente à découvert consiste à vendre un titre que l'on ne possède pas afin de le racheter plus tard à un prix plus bas.

En attente de la BCE

C'est jeudi que nous saurons si la BCE passera de la parole aux actes. Elle dispose de plusieurs moyens, tels que le rachat d'obligations souveraines, des prêts à terme aux banques, et même une baisse de taux d'intérêt.

Une action énergique signifierait une reprise de l'euro, et celle-ci pourrait être d'autant plus forte que les spéculateurs seront forcés de renverser leurs positions à découvert.

Conséquemment à la hausse de l'euro la semaine dernière, le dollar américain a perdu plus de 1% comparativement à un panier de devises (DXY). Une baisse du dollar américain est généralement un indice prometteur pour les marchés boursiers, car elle signifie que les investisseurs ont retrouvé leur appétit pour le risque. Une baisse du dollar américain s'accompagne généralement d'une hausse du marché boursier.

Et la Fed

Avant que l'on connaisse les actions que pourrait prendre la BCE, la Réserve fédérale américaine (Fed) aura l'occasion d'annoncer ses couleurs demain, à la suite de la réunion de deux jours qu'elle tiendra aujourd'hui et demain.

Depuis quelques mois, les investisseurs sont dans l'attente d'un troisième épisode d'assouplissement quantitatif (QE 3), qui permettrait cette fois-ci à la Fed de racheter des actifs hypothécaires et ainsi regarnir la liquidité des banques. Cela leur permettrait d'octroyer de nouveaux prêts et ainsi aider à la relance l'économie.

Il ne faut pas s'étonner de l'intérêt des investisseurs et des spéculateurs pour un QE 3, car les expériences précédentes s'étaient avérées fort concluantes. Les programmes 1 et 2 avaient entraîné d'importantes embellies boursières durant le mois suivant leur annonce.

En effet, après que le premier fut annoncé le 24 novembre 2008, le S&P 500 a gagné 2,74% en un mois, et lorsqu'on a annoncé son prolongement le 18 mars 2009, l'indice a réalisé un gain de 9,73% durant les 30 jours suivants, rappelle Daniel Putnam, du site web InvestorPlace.

Quant au deuxième programme, c'est le 24 août 2010 que Ben Bernanke, lors du symposium de Jackson Hole, a révélé l'intention de la Fed de procéder à un QE 2 plus tard dans l'année.

Mais les investisseurs se sont emparés aussitôt de la nouvelle, et l'indice S&P 500 s'est amélioré de 7,51% durant le mois qui a suivi.

Les fonds négociés en Bourse représentant les secteurs de la consommation discrétionnaire (XLY), des institutions financières (XLF) et des télécommunications (IYZ) ont alors connu les plus fortes hausses.

Reprise fragile

Si les banques centrales répondent aux attentes des investisseurs cette semaine, le mois d'août pourrait très bien être un bon mois en Bourse.

Mais il s'agira une fois de plus d'une reprise orchestrée par les banques centrales, et ce type de reprise a tendance à être fragile, note Sam Collins, directeur de l'analyse technique chez InvestorPlace. La prudence devrait rester de mise, selon lui.