Comme les fermiers du Midwest américain qui attendent désespérément la pluie, les actionnaires de Potash (T.POT) attendent en vain depuis le début de l'année que le titre traverse le niveau de 47-48$.

Les résultats du deuxième trimestre publiés jeudi indiquent que les affaires du plus gros producteur de fertilisants canadien se heurtent à certaines difficultés.

Les résultats ont été ternis par une dévaluation de 341 millions de l'investissement dans Sinofert, une entreprise chinoise dont elle détient 22% des actions.

Cette dévaluation a fait tomber le bénéfice par action pour le trimestre à 60 cents, comparativement à 96 cents au même trimestre de l'année précédente. En ne tenant pas compte de cette dévaluation, le bénéfice par action du trimestre aurait été de 99 cents. C'est sensiblement ce que prévoyaient les analystes.

Et pour ce qui est du prochain trimestre, la direction de Potash n'est pas très enthousiaste. Elle prévoit que les profits par action se situeront entre 70 et 90 cents. Cela a d'abord eu comme effet de refroidir l'ardeur des investisseurs, le titre perdant 3,6% dès le début des échanges jeudi matin.

Mais profitant de l'envolée spectaculaire des Bourses à la suite des déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, le titre a terminé la séance à 44,54$, en hausse de 0,5%.

Depuis que la sécheresse aux États-Unis annonce une baisse importante de la production céréalière, les prix des grains explosent.

Des hausses de 30 à 40% en quelques semaines seulement. Les titres des producteurs de fertilisants ont monté en même temps que les prix des denrées. Potash est passé de 38$ à 46$ entre la mi-juin et la mi-juillet, avant de se replier quelque peu cette semaine.

La hausse des prix des denrées s'explique, mais ne sera pas nécessairement permanente, explique Luc R. Fournier, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle Alliance.

Lorsque frappe une sécheresse, une firme telle que Del Monte s'empresse d'acheter les contrats à terme sur le maïs afin d'assurer ses approvisionnements pour sa production de produits en conserve. Cela entraîne un déséquilibre temporaire entre l'offre et la demande et fait grimper les prix.

Comme les agriculteurs sont alors attirés par ces prix élevés, ils espèrent augmenter leur production en ajoutant des fertilisants, ce qui fait monter également leurs prix.

Mais il faut se méfier de cette hausse, croit M. Fournier. À moyen terme, selon lui, l'offre et la demande d'engrais sont en équilibre au niveau mondial.

Forte résistance à la hausse

Entre-temps, pour les analystes techniques, le titre de Potash fait face à une forte résistance. Depuis le début de l'année, le titre n'a pas réussi à excéder le niveau de 47-48$, et ce, en dépit de multiples tentatives, note Monica Rizk, analyste principale chez Phase&Cycles.

«Chaque fois que le titre atteint ce niveau, les vendeurs se présentent en grand nombre et freinent sa progression. Il faudra un élément catalyseur pour que cela change», dit-elle.

L'action de Potash se négociait à 63$ en février 2011. C'était après la tentative d'achat de BHP Billiton que le gouvernement fédéral avait fait avorter, mais alors que l'on croyait toujours à la possibilité d'une surenchère.

Agrium fait mieux

Les investisseurs qui se sont tournés vers Agrium [[|ticker sym='T.AGU'|]], un autre producteur de fertilisants canadien, auront eu la main plus heureuse. En effet, le titre est en hausse de plus de 40% depuis le début l'année et est à son sommet des 52 dernières semaines. Cela se compare à une hausse de 8% pour Potash en 2012.

Les dirigeants de la firme de Calgary ont annoncé que leurs résultats du deuxième trimestre qui seront publiés le 2 août excéderont largement les prévisions.

Les bénéfices se situeront entre 5,40$ et 5,50$, alors que les prévisions précédentes se situaient entre 4,18$ et 4,78$. Ces résultats constitueront un record pour un deuxième trimestre. Ils s'expliquent en partie par une augmentation des ventes et des prix pour ses engrais et fertilisants, indique l'entreprise.