Les marchés sont sur le qui-vive aujourd'hui au moment où les chefs d'État européens se retrouvent à Bruxelles pour deux jours dans l'espoir de ficeler une solution durable à la crise de la dette qui mine toujours plus la zone euro.

«Avec tout ce qui se passe en Europe, les investisseurs restent à l'écart à attendre les nouvelles», commente Chyanne Fickes, gestionnaire de portefeuille de Stone Asset Management, à Toronto.

Hier, la Bourse de New York a engrangé 92 points, à 12 627,01. Le marché a apprécié tout de même la teneur des dernières statistiques nationales: rebond des commandes de biens durables en mai après deux mois de baisse et nette hausse des promesses de vente de logements.

À Toronto, l'indice S&P/TSX a pris 75 points, à 11 410,94, grâce à une remontée du pétrole à un peu plus de 80$US le baril. Les prix de l'or noir ont baissé de 22% au cours du trimestre, la plus forte baisse depuis les trois derniers mois de 2008.

Sur le marché des changes, l'euro cote 1,25$US, son plus bas niveau face au dollar américain depuis plus de deux semaines. Au coeur de la tourmente financière, la monnaie commune s'est dépréciée de 3,8% par rapport au billet vert et de presque autant par rapport au yen, cette année.

Le dollar canadien a baissé contre la plupart des autres devises, les marchés spéculant sur l'incapacité de la Banque du Canada de relever les taux d'intérêt devant une récession mondiale. La devise canadienne vaut 95,51 cents US. «Les investisseurs réévaluent le risque de change avant la réunion du sommet de l'Union européenne», notent Shaun Osborne et Greg Moore, stratèges de devises à la Banque Toronto-Dominion, dans une note pessimiste à leurs clients: «Le marché attend peu de résultats de ce 19e sommet. Si le précédent n'a rien donné, il y a peu de chances que celui-ci modifie la situation à court et moyen terme.»

L'or est relativement stable à 1577,50$US l'once malgré une vague de liquidations notée par le World Gold Council. «Tout le monde a les yeux rivés sur l'Europe pour voir si les dirigeants peuvent prévenir l'effondrement du système bancaire», note Byron Wien, président de Blackstone Group, important groupe d'investissement. Et de poursuivre: «Si vous avez une vue à long terme, vous allez faire de l'argent avec l'or. Vous devriez le posséder comme une police d'assurance, non pas comme un produit.»

Réunion à Bruxelles

Les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne sont réunis à Bruxelles pour discuter notamment d'une union bancaire et d'une intégration fiscale pouvant mutualiser les dettes et les risques. Bien que certaines propositions sont dans l'air depuis longtemps, une solution globale semble encore lointaine, la souveraineté des pays étant en cause. Aussi, on s'attend déjà à un report des discussions aux prochains sommets en octobre et décembre.

Craig Alexander, économiste en chef de la Banque TD, souhaite néanmoins que les dirigeants européens regardent la crise en face et fassent le nécessaire pour éviter une catastrophe financière mondiale. Les économistes de la TD ont abaissé hier leur prévision de croissance pour les économies canadienne et mondiale, à la lumière de nouvelles craintes liées à la situation en Europe et d'autres difficultés économiques.

Une rencontre des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), qui s'ouvre également aujourd'hui, suscite plus d'espoir d'entraîner un regain boursier. Le chef économiste de la BCE, Peter Praet, a laissé entendre que le taux directeur de l'institution monétaire, à un bas historique de 1% depuis décembre 2011, pouvait prochainement être abaissé. «Il n'existe pas de doctrine qui dise que le taux directeur ne peut tomber sous 1%», a déclaré M. Praet, dans un entretien au quotidien Financial Times Deutschland à paraître ce matin.