Désabusés par des résultats continuellement désastreux, plusieurs gestionnaires de portefeuilles affirment ne plus du tout s'intéresser au secteur aérien.

On peut les comprendre. Les résultats d'Air Canada [[|ticker sym='T.AC.B'|]] et de Transat [[|ticker sym='T.TRZ.B'|]], et leurs performances boursières subséquentes ont de quoi freiner les ardeurs des investisseurs.

«Notre expérience avec ce secteur fait que nous n'avons plus aucun intérêt pour ces titres», dit Luc Fournier, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle Alliance. «Il s'agit d'un business difficile dont les résultats trimestriels sont impossibles à prévoir», ajoute-t-il.

«Nous ne détenons plus aucun titre du secteur aérien», dit également Jean Duguay, chef des placements pour le Groupe Eterna. Le contexte économique difficile, l'endettement des sociétés, et des résultats trop sensibles au prix du pétrole sont tous des facteurs qui rebutent le gestionnaire.

Il y a trois mois, Christian Godin, gestionnaire de portefeuilles chez Montrusco Bolton, a vendu toutes les actions qu'il détenait dans Transat AT. «Aujourd'hui, les résultats nous donnent raison», dit-il. Mais son désaveu va plus loin. «C'est toute l'industrie que nous préférons éviter, car les résultats sont catastrophiques», dit-il.

Transat AT a annoncé hier une perte nette de 13,2 millions, soit 0,35$ par action, pour le trimestre terminé le 30 avril.

Il s'agit du quatrième trimestre consécutif durant lequel la firme enregistre une perte. Le cours de l'action a chuté de 8%, et le titre ne vaut plus que 4$, comparativement à 20$ il y a à peine un an et demi. Le président et chef de la direction, Jean-Marc Eustache, a reconnu qu'il sera impossible de déclarer des profits cette année.

Pour Transat AT, aux difficultés inhérentes à l'industrie s'ajoute un questionnement quant à la gouvernance de l'entreprise.

Lors de la dernière assemblée annuelle de la compagnie le 15 mars, Montrusco Bolton a soumis deux propositions aux actionnaires, d'abord de scinder le rôle de président du conseil et celui de chef de la direction, et ensuite que la présidence du conseil soit confiée à un administrateur indépendant de Transat AT.

Les deux propositions ont été rejetées, mais non sans avoir reçu l'appui de 22% des actionnaires, souligne Christian Godin. «Ce serait suffisant pour faire démissionner un chef de parti politique», dit-il. Mais chez Transat AT, Jean-Marc Eustache continue de cumuler les deux fonctions.

Des titres qui s'écrasent

En chutant de la sorte depuis l'an dernier, le cours de l'action de Transat AT a enfoncé tous les niveaux de support importants, souligne Monica Rizk, analyste senior chez Phases&Cycles, une firme de gestion de portefeuilles spécialisée en analyse technique.

D'abord lorsque le titre a chuté en bas de 10$ en août 2011. Ensuite lorsqu'il s'est retrouvé sous la barre de 6$ il y a quelques mois. «Avant que le titre puisse reprendre son envol, il lui faudra sûrement traverser une longue période de consolidation», dit-elle.

Quant à Air Canada, le titre n'est plus qu'un penny stock hautement spéculatif, selon l'analyste. À la suite d'une restructuration, Air Canada avait refait une entrée en Bourse en décembre 2006 au prix de 21$. Deux ans plus tard, le titre était tombé en bas de 1$. Il est remonté au-dessus de 4$ à l'automne 2010, mais seulement pour mieux retomber par la suite.

WestJet fait bande à part

Par ailleurs, WestJet vole seule de son côté. Elle a annoncé le 1er mai des résultats records pour le premier trimestre, soit un bénéfice de 0,49$ par action. Il s'agissait du 28e trimestre profitable de suite.

Le cours de l'action profite d'une embellie intéressante depuis décembre. Il est passé de 10,50$ à tout près de 16$, et il rejoint ainsi son sommet de l'an dernier. Ici, tous les espoirs sont permis, souligne Mme Rizk. «S'il réussissait à percer le niveau de 16$, le titre pourrait s'envoler vers de nouveaux sommets», dit-elle.

Peut-être que WestJet retrouvera alors la faveur des investisseurs institutionnels.