L'économie chinoise a été, pendant plusieurs années, la locomotive du marché boursier canadien. La gigantesque demande de matières premières que suscitait le développement des infrastructures et des engins de production de la Chine gonflait les prix des minerais et des métaux que les entreprises canadiennes ne demandaient pas mieux que de lui vendre.

Ce développement économique accéléré a entraîné un taux de croissance du PIB chinois supérieur à 10% pendant plusieurs années. Mais depuis la crise financière de 2008, c'est une tout autre histoire. Le taux de croissance du PIB a ralenti, d'abord en dessous de 10%, puis en dessous de 9%. Cette année, on craint qu'il soit inférieur à 8%.

L'impact des prix des matières premières sur la Bourse canadienne est indéniable. Depuis la fin du mois de février, l'indice du prix des commodités (GSCI) a reculé de 12,3%, et le S&P/TSX est en baisse de 11,5%.

La faiblesse relative de l'économie chinoise a donc un effet pervers sur la Bourse canadienne. Au cours des 12 derniers mois, l'indice canadien S&P/TSX est en recul de 19%, alors qu'à New York, l'indice S&P 500 est resté à peu près inchangé.

Après quelques années de répit, peut-on maintenant espérer que la locomotive chinoise reparte et ramène des jours meilleurs pour les investisseurs qui détiennent les actions de sociétés canadiennes?

Trop de facteurs négatifs

Il ne faudrait pas trop miser là-dessus, explique Pierre Lapointe, stratège chez Brockhouse Cooper, dans un rapport cosigné par ses collègues Alex Bellefleur, analyste, et Frances Donald, économiste financier. «Tous les indicateurs importants de croissance sont en ralentissement ou en décroissance», écrit-il.

Selon le groupe de recherche de Brockhouse Cooper, la question macroéconomique de l'heure est de savoir d'où viendra la croissance économique chinoise.

De l'investissement étranger? Les investissements directs de la part des étrangers ont baissé de 0,7% en avril, alors que l'on prévoyait une hausse. L'appréciation du yuan serait en cause.

Du secteur manufacturier? Lui aussi est en décroissance. L'indice manufacturier PMI est sous la barre de 50 depuis octobre 2011, et les nouvelles commandes, indicateur précurseur, sont à la baisse.

De plus, la production d'électricité, un indicateur de la production industrielle et qui est généralement fortement corrélée à la croissance du PIB, montre des signes importants de faiblesse. La croissance de la production d'électricité, qui était de plus de 20% au début de 2010, est constamment à la baisse depuis, et n'est plus que de 8% actuellement.

Des investissements? La croissance se poursuit, mais à un taux de 20%, soit le plus faible depuis près de 10 ans.

Des consommateurs? Ils doivent maintenant faire face à une baisse du prix des maisons. Ainsi, l'effet de richesse se détériore, ce qui risque de ralentir la consommation, croit le groupe de Brockhouse Cooper. Le secteur de la construction risque également de ralentir, car la baisse du prix des maisons diminue la demande de crédit, étant donné que l'habitation est le principal actif des consommateurs chinois.

Tentative de relance

Les autorités chinoises tentent de contrer ce phénomène en appliquant une politique monétaire plus expansionniste. Elles ont réduit à quelques reprises le ratio de réserves des banques. Mais pour l'instant, on voit peu d'impact sur les secteurs industriel et immobilier.

Les prévisions de croissance du PIB pour la Chine cette année sont de 7,5% à 8%. Mais sont-elles réalistes compte tenu de l'accumulation de tous ces facteurs négatifs? Chez Brockhouse Cooper, on croit que non. «Nous voyons moins d'investissements, moins de consommation et moins de commerce en général. Dans ce contexte, nous croyons que la croissance chinoise sera plus faible que prévu», concluent Pierre Lapointe et son équipe.

Cela n'annonce sûrement rien de bon pour la Bourse canadienne.