La rémunération «honteusement élevée» que reçoivent de hauts dirigeants, comme ceux de Bombardier (T.BBD.B), contribue au climat de tension qui règne dans la société depuis quelque temps.

C'est ce qu'a affirmé l'ancien syndicaliste Fernand Daoust, maintenant président du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), dans une intervention au cours de l'assemblée annuelle de Bombardier hier.

Il a fait remarquer qu'un haut dirigeant d'une société comme Bombardier pouvait gagner entre 20 000$ et 25 000$ par jour. Or, une personne au salaire minimum doit travailler un an pour gagner cette même somme.

«Ces rémunérations exorbitantes provoquent au sein de la population un phénomène de désapprobation, a déclaré M. Daoust. Il faut écouter les bruits de cette désapprobation, qui peuvent se manifester avec force et qui peuvent causer des tremblements que personne ne souhaite.»

En 2011, les hauts dirigeants de Bombardier ont touché une rémunération de 22 millions de dollars, dont 8,1 millions pour le président et chef de la direction Pierre Beaudoin. Au cours des trois dernières années, cette rémunération totale a augmenté de 90%, alors que le bénéfice par action a diminué de 16%.

Le MEDAC a justement présenté une résolution qui permettrait de lier davantage la rémunération des hauts dirigeants à la performance financière de l'entreprise. Cette proposition n'a cependant reçu l'appui que de 4,2% des votes exprimés hier.

Les actionnaires ont approuvé la politique de rémunération des dirigeants de Bombardier à hauteur de 98%, dans le cadre d'un «vote consultatif» proposé par l'entreprise.

«C'est important d'avoir une politique de rémunération qui nous permette de mettre les meilleures personnes dans les postes, pour faire concurrence aux entreprises qui veulent être dans la position de Bombardier», a commenté M. Beaudoin à l'issue de l'assemblée.

Il a ajouté qu'il comprenait les actionnaires qui étaient déçus de la progression de l'action de Bombardier.

«Ce que nous devons faire, c'est de bien planifier la croissance à long terme et d'assurer l'augmentation de la productivité, a-t-il déclaré. Lorsque nous aurons le fruit de nos investissements, avec la livraison de nos nouveaux appareils et de nos nouveaux trains, les revenus vont augmenter, la rentabilité va suivre et, j'espère, la valeur de l'action.»

Hausse de 7,32% de l'action

Le marché a semblé l'entendre: l'action de catégorie B de Bombardier a grimpé de 7,32% pour clôturer à 3,96$ à la Bourse de Toronto hier.

Le premier trimestre a pourtant été difficile pour Bombardier: les revenus ont chuté de 25,5% pour se situer à 3,5 milliards US alors que le bénéfice net a subi une diminution de 13,6% pour se fixer à 190 millions US, soit 10 cents US par action.

M. Beaudoin a affirmé que cette baisse de revenus était prévue. L'entreprise a temporairement ralenti les livraisons des luxueux avions d'affaires Global 5000 et 6000 parce qu'elle a fait la transition entre une version ancienne et une nouvelle version, dotée d'un nouveau poste de pilotage plus sophistiqué.

Bombardier a également ralenti la livraison d'avions commerciaux en raison d'une diminution de cadence, elle-même attribuable à une baisse des commandes. En outre, un client qui devait prendre livraison d'appareils a demandé un délai en raison d'un problème de financement. Le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a affirmé que le client avait réglé le problème et que les livraisons devraient avoir lieu au deuxième trimestre.

La division aéronautique a fait valoir que le carnet de commandes avait augmenté de 5,9% au cours du premier trimestre grâce à de nouvelles commandes en aviation d'affaires et en aviation commerciale.

Les revenus ont également baissé du côté de Bombardier Transport parce que certains contrats en Asie-Pacifique et en Europe sont venus à échéance et parce que de nouveaux contrats sont toujours en phase de démarrage.

M. Beaudoin s'est toutefois dit optimiste et confiant en ce qui concerne l'avenir.

«Les perspectives à plus long terme sont excellentes pour nos deux groupes car la mondialisation et l'urbanisation font aujourd'hui de la mobilité durable un enjeu prioritaire», a-t-il affirmé.