Air Canada (T.AC.B) estime pouvoir générer ses premiers profits en plusieurs années en mettant derrière lui les conflits de travail ayant nui à son image et en transformant le transporteur - notamment en réduisant son nombre d'employés et ses coûts d'entretien.

Bien qu'il serait plus facile de faire face aux défis du transporteur de 75 ans en recommençant à neuf, «malheureusement la vie ne fonctionne pas ainsi», a exprimé vendredi le président et chef de la direction, Calin Rovinescu, après qu'Air Canada eut annoncé une perte fortement accrue pour son premier trimestre.

M. Rovinescu a fait valoir que le transporteur avait offert de très bonnes conditions à ses employés au fil des années, mais qu'un changement de cap nécessaire devait se traduire par des ajustements sans réductions de salaires.

L'objectif est d'offrir du rendement aux actionnaires et aux détenteurs d'obligations qui ont investi dans l'entreprise alors qu'elle tentait d'éviter une faillite potentielle en 2009 et 2010.

Les actions d'Air Canada ont chuté à un creux de 78 cents au coeur des récents conflits de travail en mars, reculant d'environ 68 pour cent par rapport au mois de mai dernier. Le titre a clôturé vendredi en hausse de 4 cents, soit 4,4 pour cent, à 96 cents à la Bourse de Toronto.

L'appréciation survient alors que le transporteur montréalais a affiché vendredi une perte nette de 210 millions $, ou 76 cents par action pour le premier trimestre clos le 31 mars, onze fois plus importante que la perte de 19 millions $, ou 7 cents par action, enregistrée un an plus tôt.

L'abandon des activités d'Aveos a entraîné des coûts de 55 millions $ relatifs à l'engagement d'Air Canada en vertu d'un programme d'indemnisation de départ.

Le transporteur a aussi fait face durant le trimestre à des prix du carburant plus élevés et des arrêts de travail de certains de ses employés.

Au cours d'une conférence téléphonique avec des analystes, M. Rovinescu s'est montré irrité à l'occasion, entre autres lorsque questionné sur les pertes persistantes et les relations tendues avec certains employés.

Il a fait valoir que bon nombre d'employés avaient déploré les moyens de pression d'autres employés mécontents, qui ont entraîné des annulations de vols ayant eu des «effets dommageables en chaîne» sur la confiance des consommateurs.

À ces employés ayant perdu totalement confiance dans la direction, il a suggéré «de travailler dans une coopérative où ils seraient appelés à prendre les décisions».

M. Rovinescu a dit croire à un dénouement à l'horizon pour les conflits de travail ayant affecté les efforts du transporteur pour améliorer sa culture d'entreprise.

Air Canada entreprendra sous peu dix jours de négociations avec ses pilotes et mécaniciens, en présence d'arbitres. Si aucune entente n'est conclue, l'arbitre imposera un règlement d'ici 90 jours.

Le déficit de solvabilité du régime de retraite d'Air Canada a doublé au cours de la dernière année, pour atteindre 4,4 milliards $. Mais une somme de 1,1 milliard $ pourrait être retranchée si les contrats de travail à être renouvelés incluent certaines concessions déjà acceptées par d'autres employés.

L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, a dit rester «prudent» quant aux perspectives pour le transporteur.

«Bien que la résolution des deux conflits de travail restants soit en vue, le dénouement et l'impact sur les coûts et les plans stratégiques d'Air Canada demeurent incertains», a-t-il écrit dans une note.

Le transporteur a reconnu que les réservations de passagers et ses activités de Vacances Air Canada avaient subi un coup durant le trimestre.

«Nous avons effectivement subi un impact immédiat sur nos réservations à la suite des moyens de pression (...) mais nous avons vu une amélioration dans cette tendance au cours des dernières semaines», a ajouté le directeur financier du transporteur, Michael Rousseau.

Air Canada a aussi lancé un appel d'offres pour dénicher un fournisseur de services d'entretien moins dispendieux que ne l'était Aveos avant que l'entreprise ne ferme ses portes et ne se place à l'abri de ses créanciers.

M. Rovinescu a dit que le transporteur avait fait tout en son pouvoir pour aider son ancienne filiale, qui comptait plus de 2600 employés.

«Nos ententes contractuelles à long terme avec Aveos auraient dû lui permettre d'être rentable», a-t-il affirmé, en soulignant qu'Air Canada a effacé 120 millions $ en paiements et obligations envers Aveos pendant le trimestre.

Pour le premier trimestre, la perte ajustée par action s'est chiffrée à 64 cents, contre 45 cents à pareille date en 2011. Les analystes s'attendaient en moyenne à une perte ajustée de 78 cents par action, selon les projections compilées par Thomson Reuters.

Malgré différents problèmes, les revenus d'exploitation ont augmenté de 209 millions $ pour atteindre 2,96 milliards $.

Les coûts du carburant ont été de 147 millions $, un bond de 20 pour cent par rapport à la période correspondante de l'année précédente.

«Notre marque est forte et résiliente mais nous ne pouvons prendre nos clients pour acquis et nous ne le ferons pas, a dit M. Rovinescu. Dans la foulée de cette période de turbulences, nous nous concentrons sur la création d'un climat de stabilité dans nos relations de travail pour regagner la confiance des consommateurs.»