À la Bourse, gare aux titres qui connaissent une hausse parabolique, car elle est généralement suivie d'une baisse tout aussi accentuée. Est-ce le sort qui guette le titre d'Apple (AAPL)?

Depuis le creux des marchés le 9 mars 2009, le prix de l'action d'Apple surfe sur une solide tendance à la hausse. Il est passé de 125$ US à 400$ US entre 2009 et la fin de 2011. Mieux encore, durant les trois mois suivants, le titre a littéralement explosé. Il est passé de 400$ US en janvier à 644$ US le 10 avril, une hausse de plus de 60%.

Mais au cours des jours qui ont suivi, un changement important dans la nature des négociations sur le titre d'Apple s'est produit, explique Dennis Mark, analyste technique à la Financière Banque Nationale. Pendant que l'indice NASDAQ connaissait deux vigoureuses séances les 11 et 12 avril avec des gains respectifs de 29 et de 39 points, l'action d'Apple faisait du surplace. Elle a même reculé de quelques dollars. «Que le titre fluctue à l'inverse de l'indice, cela ne s'était pas produit depuis longtemps», note-t-il. C'était peut-être le signal que la hausse venait de prendre fin. Effectivement, le titre a perdu 18$ US et 25$ US, soit près de 7%, au cours des deux séances successives.

Étant donné la hausse parabolique du titre et du peu de soutien qu'il reçoit depuis deux semaines, il faudra être prudent pour les prochaines semaines, indique Dennis Mark. Comme le titre a subi une correction de plus de 11% depuis son sommet, on pourrait maintenant assister à une tentative de rebond, selon lui. «Mais elle pourrait être vaine, et il ne faudrait pas se surprendre si le titre reculait ensuite jusqu'à 500$ US», dit-il. Uniquement un fort rebond du titre indiquerait que la tendance à la hausse est intacte, selon lui.

L'emballement

Une hausse parabolique s'accompagne généralement d'un emballement chez les analystes autant que chez les investisseurs. Apple n'y a pas échappé.

L'analyste Gene Munster, de Piper Jeffray, reconnu pour son optimisme débordant envers Apple, a contribué à alimenter la frénésie en lui fixant un cours cible de 1000$ US.

Des 55 analystes recensés par Bloomberg, 48 recommandent l'achat du titre, tandis qu'un seul a une recommandation de vente. Les 7 autres recommandent de conserver le titre.

L'emballement des investisseurs a de quoi être inquiétant. En date du 9 avril, la capitalisation boursière d'Apple avait augmenté de 250 milliards US en quatre mois. C'est plus que la valeur totale d'IBM, selon les données de Bloomberg.

Durant la bulle des technos des années 90, Cisco et Intel avaient connu des hausses de capitalisation boursière similaires, soit 350 milliards et 230 milliards respectivement. Elles avaient ensuite presque tout perdu en quelques mois. Aujourd'hui, la valeur de Cisco ne représente que 20% de ce qu'elle était à son sommet en 2000. Quant à Intel, elle a perdu 75% de sa valeur depuis l'éclatement de la bulle.

Des résultats attendus

Apple annoncera ses résultats du deuxième trimestre après la clôture des marchés cet après-midi. Le consensus des analystes prévoit des profits par action de 9,98$ US, en hausse de 55% comparativement à l'année précédente. Les ventes devraient augmenter de 48% pour atteindre 36,5 milliards US.

Rappelons que la direction d'Apple a annoncé le 19 mars que l'entreprise verserait un dividende trimestriel de 2,65$ US par action, et qu'à partir de septembre, elle mettrait en place un programme de rachat de 10 milliards US par année de ses propres actions, et ce, pour les trois prochaines années.

Ces résultats permettront-ils de relancer le titre? Les indications que fourniront les dirigeants quant au prochain trimestre seront aussi, sinon plus importantes que les résultats eux-mêmes.

Comme les titres technos carburent d'abord à l'innovation, tous seront attentifs aux annonces à ce chapitre, surtout en ce qui concerne Apple TV. Ce nouveau produit, qui combinera DVD, internet et jeux, pourrait constituer une nouvelle révolution dans le milieu techno et marquer les prochaines années, croit Gene Munster. Le lancement d'Apple TV était d'abord prévu pour 2013, mais on parle de plus en plus d'une mise en marché à l'automne.