La Bourse de Londres a terminé mardi en baisse de plus de 2%, affectée comme les autres places européennes par un net regain d'inquiétude sur la zone euro et la vigueur de l'économie mondiale, dont les valeurs minières et bancaires ont été les premières victimes.

Après un long week-end pascal de quatre jours, l'indice FTSE-100 des principales valeurs a cédé 126,12 points, soit 2,24% par rapport à la clôture de jeudi à 5.595,55 points.

«Les inquiétudes des investisseurs sur l'état de l'économie mondiale ne s'apaisent pas», a résumé Manoj Ladwa de ETX Capital, en soulignant l'accumulation de mauvaises nouvelles: chiffres décevants de l'emploi américains, préoccupations grandissantes sur la zone euro et notamment l'Espagne, signes de faiblesse de l'économie chinoise.

Dans ce contexte, les minières ont logiquement fait partie des grandes perdantes du jour: Vedanta a dégringolé de 6,48% à 1.155 pence, Glencore de 4,59% à 392,90 pence, Rio Tinto de 4,45% à 3.306 pence et ENRC de 4,54% à 557,50 pence.

Randgold a été une exception remarquée, en bondissant de 5,24% à 5.425 pence après avoir confirmé ses objectifs de production pour cette année et salué la transition politique au Mali où il réalise une grande partie de sa production d'or.

Les banques ont été elles aussi malmenées, Barclays cédant 5,93% à 206,30 pence, Lloyds Banking Group 5,04% à 29,80 pence et Royal Bank of Scotland 4,26% à 24,72 pence.Le fonds d'investissement Man Group a suivi la même pente, lâchant 5,10% à 113,60 pence.

Le Dax finit en recul de 2,49%

Déprimée comme les autres places européennes, la Bourse de Francfort a fini mardi en forte baisse, l'indice Dax se repliant de 2,49% à 6.606,43 points. Toutes les 30 valeurs de l'indice vedette ont fini dans le rouge, notamment les valeurs bancaires Deutsche Bank (-4,17% à 33,69 euros) et Commerzbank (-5,89% à 1,64 euro), frappées par une nouvelle poussée de fièvre autour de la crise de la dette en zone euro, qui touche en particulier l'Espagne dont les taux d'emprunt s'envolent de nouveau.

Parmi les autres victimes du jour, le constructeur Daimler a lâché 4,76% à 40,81 euros en raison d'une recrudescence des inquiétudes sur la croissance aux Etats-Unis et en Chine, deux marchés clé pour le secteur automobile allemand. Le fabricant de semi-conducteurs Infineon (-4,5% à 7,12 euros) a quant à lui fait les frais des craintes que suscite le fleuron japonais de l'électronique Sony, qui attend une perte nette annuelle de près de 5 milliards d'euros et pourrait supprimer 10 000 emplois dans le monde.

Des chiffres plutôt rassurants sur la santé des exportations allemandes en février n'ont pas suffi à calmer les investisseurs à la Bourse de Francfort, qui a creusé ses pertes en fin d'après-midi dans le sillage de Wall Street. C'est la quatrième séance de baisse de suite pour le Dax, qui après avoir connu son meilleur début d'année de son histoire, subit une correction depuis la deuxième quinzaine de mars. Le MDax des valeurs moyennes a fini pour sa part en recul de 2,53% à 10.332,73 points.

Le CAC 40 en baisse de 3,08%

La Bourse de Paris a terminé en forte baisse mardi (-3,08%), pénalisée principalement par les craintes des investisseurs quant à la situation économique de l'Espagne dont les taux d'emprunt s'envolent sur le marché. Le CAC 40 a perdu 102,21 points à 3217,60 points, dans un volume d'échanges de 3,554 milliards d'euros. Il retombe au plus bas depuis le 13 janvier (3196,49 points).

Le CAC 40 a en outre effacé un niveau technique significatif, vers 3260 points, que «tout le monde a en tête», prévient Frédéric Rozier, gérant chez Meeschaert Gestion Privée. Les investisseurs ont été encore une fois surtout préoccupés par la situation de l'Espagne qui tente de réduire son déficit malgré une entrée en récession de son économie. Les taux à 10 ans du pays se tendaient nettement, très proche des 6%, un niveau difficilement tenable sur la durée, tant le coût des emprunts devient prohibitif.

«C'est un cercle vicieux. Plus les taux vont augmenter, plus il sera difficile de faire baisser le déficit», rappelle Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse. Le marché parisien avait souffert en début de séance des chiffres sur l'emploi américain en mars, publiés vendredi et moins bons que prévu, notamment concernant les embauches. «Cela ne remet pas en cause le fait que l'économie américaine va mieux mais ce chiffre crée de l'incertitude supplémentaire dans un marché qui s'interroge sur l'Europe», souligne M. Murail.

Parmi les valeurs, les bancaires ont été pénalisées par les craintes sur l'Espagne, à l'image de BNP Paribas (-5,72% à 31,00 euros), Crédit Agricole (-3,15% à 4,03 euros) et Société Générale (-6,21% à 18,97 euros).

Les titres cycliques, les plus dépendants de la conjoncture, ont fait les frais des interrogations sur la croissance, comme Peugeot (-5,12% à 10,28 euros), Renault (-5,83% à 35,76 euros), Alstom (-7,04% à 26,02 euros) et Alcatel-Lucent (-6,54% à 1,53 euro).

STMicroelectronics (-7,72% à 5,33 euros) a signé la plus forte baisse du CAC 40 après une révision à la baisse de sa prévision de marge brute pour début 2012, dans la foulée d'une décision défavorable en justice. Technicolor (-12,18% à 1,53 euro) a plongé alors que le groupe est en restructuration après avoir quadruplé ses pertes en 2011 et vient d'annoncer l'arrêt de la fabrication de décodeurs dans son usine d'Angers. Areva a lui perdu 10,44% à 12,09 euros et Dexia 10,71% à 0,25 euro. Vinci a perdu 3,76% à 35,73 euros, alors que le groupe va déposer un projet d'offre publique d'achat (OPA) simplifiée visant les actions de sa filiale Entrepose qu'il ne détient pas encore, ce qui devrait lui coûter environ 102 millions d'euros. En revanche, les valeurs les plus défensives, moins sensibles aux mouvements du marché, ont résisté, comme Essilor (-0,02% à 66,47 euros) et Air Liquide (-1,02% à 97,69 euros).