Sur les marchés financiers, on le sait, l'humeur change rapidement. Il y a à peine quelques semaines, à la suite de la conclusion le 9 mars de l'historique restructuration de la dette grecque, on commençait à évoquer une éventuelle remontée des taux d'intérêt.

> Consultez notre section sur l'éducation des investisseurs

C'est qu'au même moment, le département du Travail américain annonçait que les chiffres de février confirmaient la plus forte création d'emplois pour une période de six mois depuis 2006, relate Paul-André Pinsonnault, économiste à la Financière Banque Nationale.

Conséquemment, les prix des obligations chutaient. On recommençait même à parler de l'éclatement de la bulle des obligations qu'on nous prédit depuis quelques années.

Le rendement des obligations à long terme du gouvernement du Canada a touché 2,80% le 19 mars. À peine une semaine plus tôt, ce rendement était de 2,55%. Cela peut sembler peu, mais dans les faits, cette hausse de rendement se traduit par une chute du prix de l'obligation de 4,7%. Rappelons que le prix de l'obligation fluctue inversement au rendement.

Puis, tout semble avoir basculé en quelques jours. Le taux des Canada long terme est retombé à 2,67%, ce qui a permis de récupérer la moitié de la baisse du prix. «On s'est mis à douter de l'embellie économique que l'on percevait quelques semaines auparavant», explique Guy Liébart, président de Gestion Sodagep, une firme de gestion de portefeuilles de Montréal.

Pourquoi ce brusque changement de cap? Le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, vient de prévenir que la croissance économique anticipée au cours des prochains trimestres, bien que positive, ne sera pas suffisante pour stimuler la création d'emplois au niveau souhaité. Cela laisse croire que l'assouplissement quantitatif pratiqué depuis quelques années par la Fed afin de garder les taux à long terme le plus bas possible pourrait se poursuivre.

Mais aussi, les inquiétudes quant à l'Europe ont rapidement refait surface, explique Paul-André Pinsonnault. «Le bilan des banques espagnoles continue de se détériorer, et le premier ministre italien, Mario Monti, a même exprimé publiquement ses doutes à l'égard des finances espagnoles», note-t-il.

Ailleurs aussi, le doute subsiste. Au Royaume-Uni, le ministère des Finances prévoit maintenant que la croissance économique en 2012 ne sera que 0,8%. En Chine, les plus récents chiffres montrent une faiblesse de la production industrielle. «Les données fondamentales qui entraîneront une dégringolade des prix des obligations et une hausse des taux ne sont sûrement pas réunies actuellement», dit Guy Liébart.

Rendement nul pour le trimestre

Le rendement de l'indice DEX Univers, qui comprend toutes les obligations canadiennes de gouvernements et de sociétés, sera à peu près nul pour le premier trimestre qui se termine aujourd'hui. Rappelons que le rendement des obligations se compose des intérêts et du gain (ou perte) en capital causé par les variations des taux. En sera-t-il de même pour le reste de l'année?

Parce que les taux de rendement des obligations sont bas, les investisseurs ont tendance depuis un an ou deux à délaisser le marché des obligations et à se réfugier dans les titres boursiers à dividendes. Mais font-ils le bon choix? Tout dépendra de l'amélioration des conditions économiques. Si la croissance économique est au rendez-vous, les bourses feront bien alors que les prix des obligations pourraient reculer.

Mais dans le cas contraire, le marché des obligations conserve encore le potentiel de produire un rendement positif pour le reste de l'année 2012, estime M. Liébart. «Toutefois, pour optimiser ce rendement, il faudra, comme pour les actions, gérer activement ses obligations en captant les fluctuations de prix», dit-il.

Synchroniser le marché obligataire n'est sûrement pas chose facile. Mais pour ceux qui voudront tenter leur chance, il existe des outils à leur disposition, tel le fonds négocié en bourse XBB qui reproduit l'indice DEX Univers. Les gestionnaires de portefeuilles institutionnels et de fonds communs d'obligations l'utilisent fréquemment.

Un bon dosage entre un portefeuille d'actions et une position en obligations par le biais du XBB pourrait s'avérer encore une fois une répartition d'actifs valable pour cette année.