Le départ de Pierre Duhaime, accompagné de quelques précisions quant aux inscriptions comptables mal répertoriées et de l'augmentation du dividende, semble avoir redonné confiance aux actionnaires de SNC-Lavalin.

Mais bien que la réaction du marché ait été positive hier à la suite des annonces de la direction, d'autres obstacles se dresseront sur le chemin de la reprise boursière de ce fleuron du génie-conseil québécois.

Quelques minutes à peine après l'ouverture des marchés hier matin, l'action de SNC-Lavalin est tombée à 37,50$, en baisse de 1,77$ comparativement à sa cote de clôture de vendredi. Mais ce mouvement fut vite renversé, et le titre clôtura la séance à 41,31$, en hausse de plus de 5%.

Des éléments encourageants ressortent des annonces faites hier matin, explique Trevor Johnson, analyste à la Financière Banque Nationale. D'abord, la firme a réussi à publier ses résultats du dernier trimestre et ceux de l'ensemble de l'année avant l'échéance qu'elle s'était fixée, soit le 30 mars. Et elle en a profité pour annoncer une augmentation de son dividende de près de 5%.

De plus, espérant probablement démontrer qu'elle a la situation bien en mains, la direction de SNC-Lavalin a annoncé le départ de son président, Pierre Duhaime. «Compte tenu de l'ampleur des problèmes rencontrés en 2011 et du rôle qu'il a joué, cela ne devrait pas surprendre», estime l'analyste de la Financière.

Toutefois, plusieurs questions demeurent sans réponse. D'abord, l'enquête interne a été limitée, car le comité qui en était chargé n'a pas pu rencontrer toutes les personnes-clé impliquées au dossier, et n'a pas eu accès à des courriels personnels qui auraient pu faire avancer l'enquête, explique Bert Powell, analyste chez Marchés de capitaux BMO. «Il est donc possible que de nouveaux faits refassent éventuellement surface et aient un impact sur l'avenir de l'entreprise», dit-il.

De plus, les dépenses inscrites aux états financiers dépassent de 22 millions le montant de 33 millions d'abord annoncés le mois dernier. Comme elles demeurent peu documentées, elles laissent planer le doute quant à l'étendue des problèmes chez SNC-Lavalin, croit Trevor Johnson. Il appert que Pierre Duhaime collabore à l'enquête, mais serait incapable d'expliquer à quoi correspondent ces paiements.

Autre surprise, la firme annonce que les profits de 2012 seront semblables à ceux de 2011. Cela constitue une déception de taille, car on se serait attendu à beaucoup mieux cette année compte tenu de la nature en principe non récurrent des problèmes rencontrés en 2011, indique Trevor Johnson.

Nouveau corridor de négociations

La hausse du titre hier est toutefois encourageante. Elle permet d'espérer que le cours de l'action soit passé à un corridor de négociations plus élevé.

En effet, on se rappellera que, lorsque SNC-Lavalin annonça le 28 février qu'elle déclenchait une enquête interne sur des paiements non autorisés de 33 millions, le titre tomba de 20% dès l'ouverture de la séance, passant de 48$ à 38$. Depuis ce moment, il se négociait à l'intérieur d'un corridor de négociations entre 36$ et 40$.

La séance d'hier a donc permis au titre de se dégager de ce corridor. Comme il se retrouve au-dessus de 41$, niveau qui était perçu par les analystes techniques comme une barrière ou une résistance importante, le titre pourrait continuer de prendre de la valeur. «S'il peut se maintenir au-dessus de 41$ pendant quelque temps, le titre pourrait ensuite se diriger vers sa prochaine résistance majeure qui se situe à environ 47$», explique Jean Soublière, président de la Fédération Actif, un mouvement d'éducation financière structuré selon la formule coopérative.

Les investisseurs devront toutefois être sur leurs gardes. Pour l'instant, toutes les moyennes mobiles qui indiquent la tendance du titre à moyen et à long terme pointent vers le bas. «Il faudra 6 à 12 mois pour qu'un renversement de tendance durable se confirme», affirme M. Soublière.

Investir dans les actions de SNC-Lavalin demeure actuellement un achat spéculatif, car cette stratégie va à l'encontre de la tendance de base. Elle se justifie uniquement à la condition que l'horizon de temps de l'investissement soit à court terme, selon lui.

En savoir plus

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