Les grandes banques américaines pourront-elles recommencer à hausser leurs dividendes et à racheter leurs propres actions? Obtiendront-elles le feu vert de la Réserve fédérale (Fed)?

Les réponses à ces questions devraient être connues un peu plus tard cette semaine lorsque la Fed révélera les résultats des tests de résistance (stress tests) qu'elle a imposés aux 19 plus grandes banques américaines.

Les investisseurs seront à l'affût, car une augmentation de dividende est généralement suivie d'une hausse du cours boursier.

La crise financière amorcée en 2008 avait failli emporter avec elle le système bancaire américain. Le gouvernement avait dû identifier les institutions financières qu'il jugeait trop importantes pour faire faillite et mettre en place un plan de sauvetage. Ce plan s'accompagnait de plusieurs mesures restrictives, dont l'interdiction aux banques de verser ou de hausser les dividendes aux actionnaires, ainsi que de racheter de leurs propres actions, sans avoir obtenu au préalable la permission de la Fed.

Des tests de résistance ont été menés en 2009 et ont révélé des déficiences de capital importantes chez certaines banques.

Les tests imposés cette année, et dont nous connaîtrons bientôt les résultats, sont très rigoureux. On demande aux banques de mesurer l'impact sur leurs capitaux propres de conditions économiques et financières extrêmes, tels une chute rapide des Bourses de 50%, une contraction du PNB de 8% et un bond du taux de chômage à 13%.

Pour passer le test avec succès, les banques doivent démontrer que leur ratio de capital de premier rang demeurera à 5% et plus même dans le cas où les hypothèses les plus sombres de la Fed se réalisaient.

Plusieurs auront le feu vert

Il est probable que plusieurs banques, sinon la majorité d'entre elles, passeront les tests avec succès et recevront le feu vert pour augmenter leurs dividendes et racheter leurs actions, croit Andrey Omelchak, gestionnaire de portefeuilles chez Montrusco Bolton. Wells Fargo, par exemple, n'attendrait que la publication des résultats des tests pour annoncer une augmentation de son dividende. Même Citigroup, dont le dividende trimestriel n'est que de 1%, pourrait passer à l'action rapidement.

Les raisons de croire que la situation des banques américaines est maintenant meilleure sont nombreuses. D'abord, la qualité du crédit consenti par les banques à leurs clients s'est grandement améliorée, si bien qu'elles peuvent diminuer de façon importante les provisions pour pertes. De plus, les 19 grandes banques ont aujourd'hui en moyenne un ratio de capital de premier rang de plus de 10% comparativement à 5,4% à la fin du premier trimestre de 2009. Enfin, l'économie semble avoir tourné pour de bon, s'il faut en croire les chiffres de l'emploi qui témoignent d'une importante création d'emplois chaque mois.

En plus de Wells Fargo, US Bancorp offre également des perspectives très intéressantes, selon Nadim Rizk, gestionnaire de portefeuilles chez Fiera Sceptre. «Ces titres se sont dépréciés comme tous les autres durant la crise, mais aujourd'hui, ils sont les plus susceptibles de réussir les tests de résistance», dit-il. Elles obtiendront le feu vert de la Fed et pourraient doubler leurs dividendes en 2012, selon lui.

L'avantage des banques canadiennes disparaît

Les banques canadiennes ont été beaucoup moins touchées par la crise financière, ce qui leur a permis de connaître de meilleures performances que les banques américaines durant la période d'après-crise. «La performance d'un système bancaire est intimement liée à son économie, ce qui a placé les banques canadiennes dans une situation avantageuse depuis deux ans», dit le gestionnaire de Fiera Sceptre.

Mais on voit maintenant certains drapeaux rouges apparaître. De l'avis même du gouverneur de la Banque du Canada et du ministre des Finances, l'endettement des consommateurs canadiens atteint un niveau inquiétant. De plus, on voit se former dans certaines régions du pays une bulle immobilière. Enfin, la valorisation boursière des banques canadiennes est aujourd'hui relativement élevée comparativement à plusieurs des banques américaines. «Le pari de préférer les banques canadiennes aux banques américaines est de moins en moins sûr», conclut Nadim Rizk.

Pour en savoir plus sur la Bourse, consultez la série Éducation des investisseurs, rédigée par Jean Gagnon, à l'adresse: https://lapresseaffaires.ca/portfolio/education-des-investisseurs.