Facebook a déposé sa demande officielle pour faire son entrée en Bourse, hier, auprès de la Security Exchange Commission (SEC). Le réseau social compte lever 5 milliards US dans ce processus, un record pour une entreprise internet.

En déposant sa demande à la SEC, Facebook a dévoilé ses performances financières, ses projets pour les prochaines années, et ses perspectives de croissance présentes et futures.

Les visées de Facebook ne sont pas modestes. «Il y a plus de 2 milliards d'usagers de l'internet dans le monde. Notre objectif est de les rejoindre tous», écrivent les dirigeants de Facebook dans leur demande.

Facebook déclare avoir eu des revenus de 3,7 milliards US en 2011, contre 1,97 milliard US en 2010 et 777 millions US en 2009. L'entreprise a dégagé un profit de 1 milliard US l'an dernier, soit la troisième année consécutive où Facebook a été profitable. Facebook dit avoir des réserves en argent comptant de 3,9 milliards US.

Qu'à cela ne tienne, l'entreprise signale que la rentabilité n'est pas prioritaire. «La culture de notre entreprise met la priorité sur l'expérience de l'usager plutôt que sur les résultats financiers à court terme», peut-on lire dans les documents envoyés à la SEC.

Malgré sa croissance fulgurante, Facebook pense atteindre un plateau. «Nous croyons que la croissance du nombre d'usagers et de nos revenus vont décliner avec le temps.»

L'entreprise, qui a retenu le sigle boursier «FB», compte offrir ses actions au prix de 29,73$, peut-on lire. On ne sait pas encore si les actions seront échangées sur le Nasdaq ou à la Bourse de New York. Signalons que le prospectus pour l'émission de Facebook n'est pas disponible au Canada, du moins pour le moment.

Fondée par Mark Zuckerberg en 2004, Facebook vaudrait aujourd'hui plus de 100 milliards US. M. Zuckerberg a touché 1 487 362$ en 2011, incluant 783 529$ pour sa «sécurité personnelle et l'usage d'un avion».

L'arrivée en Bourse de Facebook pourrait ouvrir la voie et permettre à d'autres entreprises de réseaux sociaux de faire de même, note Kathleen Smith, responsable des arrivées en Bourse à Renaissance Capital.

«Que peut-on imaginer de mieux que l'arrivée en Bourse de Facebook? écrit-elle. Le roi des réseaux sociaux est le rêve des annonceurs, car il a accès aux interactions sociales d'un être humain sur dix... Selon nous, 2012 sera l'année où les arrivées en Bourse reprendront de la vigueur, tout cela à cause du ton donné par Facebook.»

Bloomberg News a dit savoir que Facebook a retenu les services de la firme Morgan Stanley pour piloter son entrée en Bourse.

Tous ne croient pas que Facebook fait son entrée en Bourse pour regarnir ses coffres. C'est le cas d'Eileen Burbidge, de Passion Capital.

«Je ne crois pas que ce soit une question d'argent, a-t-elle dit hier à Bloomberg Television. Dans 99% des cas, les entreprises vont en Bourse pour aller y chercher de l'argent. Or, Facebook a déjà beaucoup d'argent, leurs coffres sont déjà bien garnis. Bien des gens sont d'avis que Facebook va à la Bourse pour répondre aux exigences de la SEC, car ils ont plus de 500 actionnaires, donc ils n'ont pas le choix. Je crois que c'est peut-être une formalité, et ça pourrait expliquer le fait qu'ils n'entendent pas lever de grosses sommes.»

Les actions commencent généralement à être vendues entre trois ou quatre mois après la demande à la SEC. C'est donc en mai que, théoriquement, Facebook ferait son arrivée en Bourse. Les employés doivent attendre six mois avant de pouvoir vendre des actions, donc en novembre au plus tôt.

1000 millionnaires

Chose certaine: Facebook n'a pas eu besoin de l'argent des investisseurs boursiers pour croître. L'entreprise comptait 700 employés en 2008, et en compte aujourd'hui plus de 3200. Selon les estimations, environ 1000 employés pourraient devenir millionnaires avec l'arrivée en Bourse de l'entreprise.

Facebook compte 845 millions d'usagers, dont la moitié environ vont sur le site chaque jour. Aux États-Unis seulement, Facebook compte 162 millions d'usagers. Cette semaine, le site VentureBeat a remarqué que ce nombre correspond au double du nombre d'usagers américains de Google au moment où le moteur de recherche a fait son arrivée en Bourse, en 2004.

Facebook est aujourd'hui au deuxième rang des sites les plus populaires aux États-Unis, derrière Google. Or, la force de Facebook vient du fait que les usagers passent beaucoup de temps sur le site. En moyenne, les usagers américains de Facebook passent près de sept heures par mois sur le site, contre un peu plus d'une heure trente sur Google, selon la firme Nielsen.