Ce soir, ce sera le discours sur l'état de l'Union du président Obama devant les deux chambres du Congrès réunies. Et demain après-midi, ce sera au tour de Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale (Fed), de répondre aux questions concernant les actions de la Fed. Cela se fera dans un nouveau contexte de divulgation, alors que la Fed communiquera pour la première fois ses prévisions de taux d'intérêt à long terme. Ces événements peuvent-ils menacer l'embellie boursière des trois dernières semaines?

Depuis le 2 janvier, l'indice S&P 500 est en hausse de 5,1% et la Bourse canadienne, mesurée par l'indice S&P/TSX, de 4,7%. Un début d'année exceptionnel. Au cours des 15 premières séances de négociations de 2012, le S&P 500 a terminé en hausse 13 fois. Par conséquent, les marchés atteignent maintenant des niveaux de surachat, et les investisseurs sont à l'affût de raisons qui pourraient justifier un repli. Barack Obama et Ben Bernanke leur en fourniront-ils?

Le discours sur l'état de l'Union revêt un caractère particulier cette année, car il sonnera le début de la campagne de Barack Obama pour sa réélection. Et cela arrive à un moment où les républicains jouissent d'une grande attention médiatique grâce aux primaires visant à choisir leur candidat à l'élection présidentielle.

Le président pourrait ne pas ménager ses adversaires en dénonçant leurs divisions et en expliquant comment elles nuisent à l'économie. Depuis un an, alors que la Chambre des représentants est majoritairement républicaine, le président ne réussit plus à faire accepter des propositions, et cela ne changera pas au cours des prochains mois, explique Francis Généreux, économiste qui suit de près l'économie américaine chez Desjardins.

Il sera sûrement question ce soir d'habitations et de réductions d'impôts pour la classe moyenne. Dans une vidéo préparée à l'intention de ses partisans en fin de semaine dernière, Barack Obama explique que le moment est décisif pour la classe moyenne. «Ça passe ou ça casse», dit-il.

En matière d'habitation, des discussions sont en cours avec les banques pour faciliter les refinancements afin d'éviter les reprises de maisons par les banques et autres institutions de prêts. Une mise à jour de ce dossier pourrait être faite ce soir. L'impact sur les banques pourrait être considérable.

Toutefois, la meilleure nouvelle que pourrait réserver le président aux marchés serait une proposition crédible d'assainissement des finances publiques sans trop taxer pour autant l'économie, explique Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale. Mais il est sceptique. «Le discours du président servira plutôt à établir les bases de sa campagne électorale», dit-il.

Chose certaine, les propos du président seront de nature très populiste, indique Jean-René Adam, chef des placements adjoint chez Hexavest. Il sera beaucoup question d'inégalités sociales et de hausses d'impôts pour les plus riches. «Mais ces sujets ne risquent pas d'avoir d'impacts importants sur les marchés», dit-il.

Attention à la Fed

Par contre, à la Fed, demain pourrait être déterminant, car elle lancera un nouvel exercice de communications. La conférence de presse de son président, Ben Bernanke, sera suivie de près. La Fed, en plus de réviser ses prévisions économiques, annoncera ses prévisions de taux d'intérêt pour les années à venir.

L'événement pourrait réserver des surprises. Entre autres, la divulgation des prévisions de taux à long terme pourrait indiquer que les perspectives de croissance économique et d'inflation, et par conséquent le taux d'intérêt d'équilibre à long terme, sont moins élevées que par le passé, croit Stéfane Marion.

Mais aussi, la Fed pourrait entrouvrir quelques portes susceptibles de plaire aux marchés, comme celle d'une troisième ronde d'assouplissement quantitatif, selon Francis Généreux. Par cette opération, la Fed annoncerait alors qu'elle achètera encore plus de créances hypothécaires afin d'aider à la reprise du marché immobilier.