Depuis quelques semaines, les rumeurs se multiplient quant à une intervention majeure de l'administration américaine afin de stabiliser le secteur immobilier. Et les spéculateurs s'en donnent à coeur joie.

Depuis la mi-décembre, les actions de Bank of America [[|ticker sym='BAC'|]], Citigroup [[|ticker sym='C'|]] et JP Morgan [[|ticker sym='JPM'|]] sont en hausse respectivement de 40%, 26% et 16%. Et c'est tout le secteur bancaire qui est emporté par la vague. Le fonds négocié en Bourse KBE, qui réplique le rendement des banques faisant partie de l'indice S&P 500, a grimpé de 18%.

Rappelons qu'en 2011, les actions de Bank of America avaient chuté de 58%, celles de Citigroup de 44% et celles de JP Morgan de 22%. Le secteur financier est celui qui a réalisé la pire performance des 10 secteurs du S&P 500.

La spéculation sur les actions de Bank of America s'est intensifiée la semaine dernière lorsque des quantités anormalement élevées d'options se sont négociées. Plus d'un million de contrats, soit plus de cinq fois la moyenne quotidienne, ont changé de mains le 4 janvier. Les blocs les plus importants portaient sur des options dont le prix de levée est supérieur au cours actuel, soit les Call April 7. Ce sont des options d'achat dont le prix de levée est de 7$ et qui viennent à échéance en avril. La valeur de ces options a triplé depuis la semaine dernière.

Proposition de la Fed

Sur le parquet de la Bourse de New York, on semble accorder beaucoup d'attention à une proposition du président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, voulant que les maisons reprises depuis le début de la crise immobilière puissent être mises en location. Cela éviterait qu'elles demeurent inscrites aux états financiers des banques à titre d'actifs non performants pour lesquels des réserves doivent être constituées. La demande locative serait actuellement très bonne. L'idée est intéressante, et pourrait alléger la pression à la baisse sur le prix des maisons, explique Claude Boulos, associé chez Gestion de portefeuilles Selexia. Le parc immobilier, à cause des reprises depuis le début de la crise des subprimes, soit les hypothèques à haut risque, totalise 3 à 4 millions d'unités. Bien que le nombre puisse sembler peu élevé étant donné que la population américaine totalise plus de 300 millions d'habitants, à la marge, cette offre a un effet dévastateur sur le marché immobilier de plusieurs régions.

De plus, des rumeurs veulent qu'une entente puisse intervenir quant au litige opposant Freddie Mac et Fannie Mae d'un côté, et les banques de l'autre. Les deux institutions de prêts hypothécaires actuellement sous tutelle du gouvernement américain ont intenté des poursuites contre les banques à qui elles reprochent un défaut de renseignement sur la qualité des prêts hypothécaires regroupés et vendus aux investisseurs durant la bulle. «Un abandon de ces poursuites enlèverait cette épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête des banques qui doivent se constituer des réserves énormes afin de faire face à cette situation, ce qui affecte énormément leur rentabilité», dit M. Boulos. Bank of America serait la plus grande bénéficiaire d'une telle entente, selon lui.

Environnement plus favorable

Quelques facteurs nouveaux favorisent également les banques américaines depuis quelques semaines. D'abord, sur le plan économique, les plus récentes données concernant l'emploi, les ventes au détail et l'activité manufacturière ont été encourageantes.

Ce sont principalement celles de l'emploi qui aident les banques, souligne le gestionnaire de Selexia. Tant que l'emploi se maintient, les individus sont capables de rembourser leurs dettes et les banques n'ont pas à subir de pertes à ce chapitre. Les plus récentes statistiques émanant du département du Travail américain confirment la création de 200 000 emplois durant le mois de décembre.

Mais aussi, les banques profitent d'une accalmie de la crise européenne. Les craintes quant au risque systémique qu'occasionnait l'état précaire des budgets de plusieurs pays de la zone euro ont connu leur apogée en novembre et décembre. Mais depuis, la Banque centrale européenne (BCE) a mis en place des mesures, tels des prêts jusqu'à trois ans d'échéance et des rachats ponctuels d'obligations, qui ont eu comme effet d'alléger le risque quant à l'éclatement du système bancaire en Europe.