Les agences de notation n'ont pas été emballées par les mesures qui ont émergé du dernier Sommet européen. La tiédeur de leur accueil a eu une incidence immédiate sur les marchés boursiers qui ont tous reculé, hier, devant l'enlisement économique de l'Europe.

Moody's a été la première hier matin à relever l'absence de mise en place de politiques de redressement déterminantes lors du Sommet européen de vendredi. L'agence européenne de notation Fitch a fait savoir que devant le peu de progrès réalisé vendredi, elle prévoyait maintenant un ralentissement économique significatif dans la zone euro.

Il n'en fallait pas plus pour déprimer les marchés boursiers. En Europe, tous les marchés ont enregistré des reculs oscillant entre 1% et 2%. Les marchés américains qui affichaient des pertes de près de 2% tout au cours de la journée ont réduit leur baisse en fin de séance.

L'indice S&P/TSX de Toronto a reculé de 126,8 points (-1,05%) pour terminer à 11 907,89 points. Aux États-Unis, le S&P 500 a retranché 18,7 points (-1,49%), à 1236,47 points, et le Dow Jones a perdu 162,8 points (-1,34%), à 12 021,39 points.

À New York, ce sont principalement les titres du secteur bancaire qui ont dominé le mouvement de retraite. Une mise en garde du géant Intel - qui a rabaissé de 1 milliard ses prévisions de revenus pour son quatrième trimestre - a fait chuter de 4% la valeur de son titre.

Impact au Canada

Au Canada, les appréhensions face à un ralentissement économique plus prononcé que prévu en Europe a fait chuter la valeur de l'or, du pétrole et du dollar canadien.

L'once d'or a perdu 2,8% de sa valeur, soit 48,10$US pour clôturer à 1668,50$US. Le baril de pétrole a reculé de 1,54$US, à 97,88$US, et le dollar canadien a retranché 0,80 cent US pour clôturer à 97,21 cents US.

«Les analystes ont étudié durant le week-end les différents éléments d'entente qui ont émergé du sommet européen et les marchés ont reproduit le même pattern maniaco-dépressif que l'on suit depuis l'été», observe, légèrement dépité, Vincent Delisle, stratège en chef chez Scotia Capital.

M. Delisle constate que la confiance s'est totalement évaporée des marchés boursiers depuis le mois de juillet dernier.

Les nouvelles positives ont une espérance de vie bien courte.

Mais les effets de cette crise de confiance sur le portefeuille des investisseurs sont bien réels et permanents depuis le début de l'année.

Pas facile

Pour 2011, le schéma des rendements boursiers est assez simple, explique Vincent Delisle.

«Aux États-Unis, on a de -2% à 2% de rendement cumulatif. Au Royaume-Uni, on a -6%. Au Canada et en Europe, on a de -12 à -15%, tandis qu'en Chine, au Brésil et en Inde, on cumule des pertes de 20% à 30%. Ce n'est pas une année facile», résume le stratège financier.

Ironiquement, ce sont les entreprises et l'économie américaines qui ont fait les meilleures performances en 2011, alors que tout le monde redoutait l'écrasement de la première économie mondiale.