L'annonce il y a deux semaines que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel avaient ficelé une entente permettant d'éviter l'implosion de la zone euro avait redonné espoir aux marchés boursiers. C'est aujourd'hui que l'on saura si cet espoir se transformera en réalité. La fin d'année boursière et la performance en début d'année 2012 en dépendront.

Entre le 28 novembre et le 5 décembre, l'indice S&P 500 est passé de 1160 à 1260, une embellie de plus de 8%. Mais depuis quelques jours, les investisseurs sont dans l'attente du sommet européen.

Dans le meilleur des cas, l'ensemble des dirigeants européens décideront de modifier le traité de l'Union européenne. Cela permettra d'établir un pacte fiscal pour éviter de nouveaux débordements budgétaires comme ceux qui mettent actuellement en péril certaines économies de la zone euro. Les modifications au traité faciliteraient la mise en place du fonds d'aide aux pays en difficulté et permettraient à la Banque centrale européenne (BCE) des interventions plus musclées sur les marchés.

Dans cette éventualité, le S&P 500 pourrait se diriger aisément vers son sommet de l'année à 1340. Mais les experts accordent très peu de chances à ce scénario de se matérialiser. «Les intérêts de chacun des participants sont tellement différents, et le dossier si complexe, qu'il faudra encore beaucoup de temps pour rassembler toutes les pièces», explique François Dupuis, économiste en chef chez Desjardins.

Le scénario le plus probable est que l'on annoncera simplement avoir jeté les bases d'une modification éventuelle des traités européens pour assurer la mise en place d'une discipline budgétaire plus stricte. On nous dira être sur la voie d'une entente sur les principes d'un accord fiscal. Et l'on fixera une nouvelle date, probablement en janvier ou février, pour ficeler l'entente.

Ce n'est pas du tout certain qu'une telle annonce permettrait de poursuivre la reprise de fin d'année amorcée à la fin de novembre et d'entreprendre l'année 2012 du bon pied. «Mais ce qui est sûr, c'est qu'une telle fin de sommet testera à nouveau la patience des marchés», répond François Dupuis. Et le risque est élevé que cette patience soit bientôt épuisée, selon lui.

Peu importe les intentions que l'on formulera et l'échéance que l'on voudra bien se donner, pour que le sommet rassure les marchés, il faudra que l'on permette maintenant à la BCE d'élargir son rôle et de prendre toutes les mesures nécessaires afin d'assurer la liquidité du système financier, explique Marc Christopher Lavoie, expert des marchés européens chez Hexavest. Sans cet élément, les marchés sont à risque, selon lui.

La nervosité est palpable

La réaction des marchés à la conférence de presse tenue hier par le président de la BCE, Mario Draghi, a donné un avant-goût peu rassurant quant à cette patience des investisseurs. Malgré l'annonce d'une baisse du taux directeur qui passe de 1,25% à 1%, de nouvelles facilités de financement à plus long terme, soit 3 ans, et d'un élargissement des titres pouvant servir de collatéral, l'indice DAX de la Bourse de Francfort a chuté de 2% et le CAC-40 à Paris de 2,5%. «Dans le contexte actuel de la crise des dettes, tout sauf des interventions musclées de la BCE sur le marché des obligations souveraines allait immanquablement décevoir le marché», dit Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

Les Bourses américaines n'y ont pas échappé. L'indice Dow Jones a perdu 1,6%, affecté principalement par les banques. JPMorgan et Bank of America se sont délestées de plus de 5%. Les 10 secteurs du S&P 500 ont terminé dans le rouge et l'indice a perdu 2,1%.

Pourtant sur le plan économique, tout n'est pas noir. Les demandes initiales d'assurance chômage ont chuté de 23 000 à 381 000, le plus bas niveau depuis 9 mois.

Au Canada, le S&P/TSX a reculé de 1,6%. Malgré la faiblesse des financières, la Banque Nationale a gagné 0,48$ à 66,9$ après avoir annoncé qu'elle haussait son dividende trimestriel de 6% à 0,75$.