Les Bourses européennes se reprenaient mardi au lendemain de l'avertissement lancé par l'agence américaine Standard & Poor's sur la notation des pays notés triple A, dont l'Allemagne et la France, qui pourrait finalement, selon les investisseurs, s'avérer salutaire.

Après avoir ouvert en nette baisse, notamment Francfort (-1,38%), les places financières affichaient des pertes moins importantes à la mi-séance, voire repassaient dans le vert.

Vers 6h20 (heure de Montréal), la Bourse de Paris reculait de 0,14% et Milan de 0,06%. Francfort demeurait la plus déprimée, cédant 0,35%. Londres progressait cependant de 0,27% et Madrid de 0,19%.

L'Allemagne, jusqu'ici considérée comme un havre de paix au milieu des turbulences de la zone euro, n'est désormais plus à l'abri d'un abaissement de sa note et donc d'une augmentation de ses coûts d'emprunt.

Toutefois, la baisse de la Bourse allemande était contenue, relevaient les courtiers, car aux yeux des investisseurs, l'avertissement de Standard & Poors pourrait forcer les dirigeants européens à enfin sortir du bourbier de la crise de la dette.

«Dites merci à S&P», a estimé Holger Schmieding, de Berenberg Bank, notant que les commentaires de l'agence américaine mettait «une grosse pression sur les dirigeants de la zone euro pour qu'ils se mettent d'accord sur un sérieux paquet de réformes», à l'occasion d'un sommet qui débute jeudi.

L'agence américaine a placé lundi soir «sous surveillance négative» les notes de la dette à long terme de quinze pays de la zone euro, dont l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas, qui bénéficient actuellement d'un triple A, la meilleure évaluation possible.

La note de solvabilité de la France est la seule à être menacée d'un abaissement de «deux crans», à «AA».

Paris et Berlin ont réagi dans un communiqué commun, se disant «pleinement solidaires» et confirmant la «volonté de prendre toutes les décisions nécessaires» pour «assurer la stabilité de la zone euro».

«Il faut relativiser, il n'y a aucune raison que le marché dévisse sur ce genre d'annonce à partir du moment où elle est globalisée», a relevé Frédéric Rozier, de Meeschaert Gestion Privée. «Cela aurait été plus embêtant si l'attention s'était concentrée sur un ou deux pays», a-t-il ajouté.

Lundi, les places européennes avaient fini dans le vert, soutenues par les nouvelles mesures de rigueur annoncées par l'Italie et les espoirs concernant un plan majeur de sortie de crise pour la zone euro après l'accord trouvé entre la France et l'Allemagne.

La chancelière Angela Merkel et le président Nicolas Sarkozy se sont entendus sur un «nouveau traité» européen, à 27 ou si besoin à 17, appelant à des «sanctions automatiques» envers les États membres de l'Union européenne qui laisseraient filer leurs déficits.

Mardi en fin de matinée, le marché obligataire réagissait mollement à l'avertissement de Standard & Poors, les taux progressant légèrement, notamment ceux à long terme de la France qui atteignaient 3,235% vers 10H40 GMT (5h40 à Montréal).

À la même heure, l'euro se stabilisait à 1,3397 dollar, parvenant à se reprendre selon les courtiers car le marché avait déjà anticipé une évolution de la notation des grands pays de la zone euro.