Passera, passera pas? Le consortium financier Maple pourrait devoir modifier son projet d'achat du Groupe TMX (T.X), qui chapeaute les Bourses de Toronto et de Montréal, s'il veut obtenir le feu vert du Bureau fédéral de la concurrence.

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Ce constat émerge de l'échange d'avis survenu hier entre Maple, TMX et le Bureau fédéral après que celui-ci eut fait part de «sérieuses préoccupations» envers le projet de 3,8 milliards de dollars.

Ces avis ont aussi eu un impact immédiat sur l'action de TMX, qui a laissé plus de 3% en cours de séance, hier, alors que tout le marché était en forte hausse.

Les actions de TMX ont terminé en baisse moins prononcée de 0,7%, à 44,43$, bien en deçà des 50$ l'action offerts par Maple.

Selon plusieurs analystes, cet écart de 11% témoigne des doutes persistants quant à la réalisation du projet de Maple. Du moins, sous sa forme actuelle.

Risque de monopole

Car ce sont les récriminations de certains intervenants boursiers à l'encontre de Maple et TMX - des investisseurs d'importance et des courtiers indépendants surtout - qui semblent préoccuper le plus le Bureau de la concurrence.

Ces intervenants voient un risque de monopole sur la Bourse canadienne dans le projet de Maple de regrouper dans TMX, après son achat, des activités externes comme la Bourse alternative Alpha et la comptabilité boursière. Il s'agit de la «compensation» entre négociants de valeurs mobilières dans le jargon boursier.

Dans leurs avis échangés hier, Maple, TMX et le Bureau de la concurrence disent poursuivre leurs négociations afin d'en venir à une entente satisfaisante.

Le Bureau de la concurrence fait partie des instances comme l'Autorité des marchés financiers du Québec (AMF) qui ont un droit de veto sur le projet de Maple pour TMX.

L'avis émis hier par le Bureau fédéral ne pouvait survenir à un pire moment pour les dirigeants de Maple et de TMX.

Ils doivent se présenter aujourd'hui aux audiences publiques sur leur projet qui ont été convoquées par la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO). Et l'on sait déjà dans le milieu boursier que les appréhensions manifestées pas des investisseurs et des courtiers indépendants sont au coeur de l'examen par la CVMO.

Ces appréhensions ont aussi été discutées au cours des audiences de l'AMF sur Maple et TMX, la semaine dernière à Montréal. Ces audiences québécoises portaient surtout sur les engagements de Maple et de TMX envers le développement des produits dérivés à la Bourse de Montréal.

Le consortium Maple est composé de 13 grandes entreprises financières du Canada et du Québec, dont la Caisse de dépôt et placement, le Mouvement Desjardins et la Banque Nationale.

Pour contrer Londres

Maple a lancé son offre pour TMX en mai dernier afin de contrecarrer un projet de fusion entre TMX et la Bourse de Londres. L'échec de ce projet devant les actionnaires de TMX a laissé Maple seul en piste depuis la fin de juin.

Après des semaines d'opposition à Maple, TMX s'est résigné à négocier. Un accord est intervenu il y a un mois, alors que les examens réglementaires s'accentuaient chez les autorités fédérales et provinciales.

Des projets de fusion semblables, ailleurs dans le monde, ont également suscité un examen attentif de la part des autorités gouvernementales.

En Europe, par exemple, l'examen du projet de fusion entre l'allemande Deutsche Boerse et l'américaine NYSE (Bourse de New York) vient d'être prolongé jusqu'à la fin de janvier prochain.

«Les préoccupations de concurrence boursière se manifestent partout. Aucun projet n'a été approuvé depuis le blocage gouvernemental de l'achat de la Bourse d'Australie en avril dernier», a signalé une spécialiste londonienne des marchés boursiers, Simmy Grewal du Groupe Aite LLC, à l'agence d'informations financières Bloomberg.

Accord possible

Dans le milieu boursier canadien, toutefois, des intervenants croient encore aux chances d'un accord avec certains «aménagements» entre Maple, TMX et le Bureau de la concurrence.

«Le regroupement des activités de compensation est le principal défi pour Maple, auquel il pourrait proposer des engagements plus précis pour l'accès et les tarifs», selon Thomas Caldwell, chef de la direction de Caldwell Securities à Toronto, qui gère des millions en actions d'entreprises cotées à la Bourse.

«S'il bataille suffisamment, Maple peut encore parvenir à mettre la main sur TMX.»