Trop de dettes publiques. Pas assez de croissance économique.

> Suivez Martin Vallières sur Twitter

Les deux fantômes qui hantent les marchés financiers internationaux depuis des mois se sont manifestés de plus belle, hier, faisant plonger les principaux indices boursiers de 2% en moyenne en Europe et en Amérique du Nord.

Des valeurs servant de baromètre de l'économie mondiale, comme les cours du pétrole et des métaux industriels, ont aussi poursuivi leur ressac des derniers jours, entraînant le dollar canadien dans leur sillon baissier tout juste au-dessus des 96 cents US.

En contrepartie, les investisseurs internationaux se sont encore bousculés vers des valeurs refuges comme le dollar américain et les titres de dette du gouvernement fédéral américain. Et ce, en dépit d'un débat budgétaire à Washington qui a continué de s'enfoncer dans le trou noir de l'acrimonie partisane au Congrès américain.

«Les marchés pointent tous dans la direction d'un sévère cycle de ralentissement», a averti l'économiste et stratège boursier David Rosenberg dans son billet quotidien aux clients de la firme torontoise Gluskin Sheff.

En Bourse, la première impulsion baissière est venue d'Europe alors que les marchés ont été ébranlés par l'avertissement de l'agence de notation Moody's envers la dette publique de la France. Selon l'agence, la note triple A de l'État français pourrait souffrir de la hausse de taux de ses obligations sur les marchés et la détérioration des perspectives de croissance économique.

Les Bourses européennes ont accentué leur recul après le début de séance très baissier en Amérique du Nord. Les investisseurs ont manifesté leurs inquiétudes envers les conséquences de la crise des dettes publiques en Europe sur les banques américaines, ainsi que l'absence d'accord au sein de la «super-commission» du Congrès à Washington qui est chargée de s'attaquer à la dette américaine.

En fin de séance, les principaux indices boursiers en Europe s'affichaient en baisse de 2,6% à Londres, de 3,3% à Francfort et de 3,4% à Paris.

Les titres de grandes entreprises bancaires furent particulièment malmenés, avec des pertes de valeur s'échelonnant de 4% à 7% pour des banques londoniennes et allemandes.

En Amérique du Nord, les principaux indices boursiers ont aggravé leur glissade de 3% subie la semaine dernière.

«Les investisseurs boursiers aux États-Unis voient un problème double à l'horizon», selon Barry Knapp, stratège boursier en chef à New York pour la banque britannique Barclays.

«Un accord budgétaire à Washington est censé prolonger les stimulants pour l'économie américaine. Mais sans cet accord, ce qui est possible à ce moment-ci, l'économie américaine subirait les conséquences au début de l'an prochain au même moment où surviendront les effets découlant de la crise des dettes publiques en Europe.» Après avoir reculé de presque 3% en cours de séance, hier, les indices phares de la Bourse américaine comme le Dow Jones et le S&P 500 ont terminé en baisse moins prononcée de 2% et de 1,8%, respectivement. Néanmoins, leur recul depuis une semaine s'est accentué autour de 4,5%.

Depuis le début de l'année, les principaux indices de la Bourse américaine en sont rendus à un résultat presque nul pour le Dow Jones alors que le S&P 500 est en recul de 5%.

Ce rendement annuel s'annonce nettement pire du côté de la Bourse de Toronto, dont l'indice phare S&P/TSX est maintenant en baisse de 12% depuis le début de l'année.

Hier, l'indice torontois a pu contenir sa baisse à 0,9% comparativement à ses voisins américains, grâce aussi à un léger regain en fin de séance.

Ce sont encore les titres du secteur pétrolier et des matières premières, avec des reculs indiciels d'environ 1,4%, qui ont eu le plus d'influence négative sur l'indice de marché S&P/TSX.

Pour Brendan Caldwell, chef de la direction de la firme Caldwell Investment Management à Toronto, les marchés sont de plus en plus «fatigués» de l'incertitude ambiante sur les finances publiques.

«Les investisseurs veulent investir dans les entreprises, pas les politiciens. Or, la plupart des entreprises vont relativement bien. C'est le contexte politique qui est complètement chaotique.»

-----------------

S&P 500

New York


HIER: -1,9 %

CLÔTURE: 1193 PTS

Depuis le début de l'année: -5,1 %

S&P TSX

Toronto


HIER: -0,9%

CLÔTURE: 11 785 PTS

Depuis le début de l'année: -12,3%

CAC 40 PARIS

HIER: -3,4 %

CLÔTURE: 2895 PTS

Depuis le début de l'année: -23,9%

FTSE-100

Londres


HIER: -2,6%

CLÔTURE: 5222 PTS

Depuis le début de l'année: -11,5 %

DAX

Francfort


HIER: -3,4%

CLÔTURE: 5606 PTS

Depuis le début de l'année: -18,9 %

FTSE MIB

Milan

HIER: -4,7 %

CLÔTURE: 14 510PTS

Depuis le début de l'année: -28,1 %