Le ministre des Finances, Raymond Bachand, est en train de donner un «chèque en blanc» au consortium Maple pour l'achat du groupe TMX, accuse le Parti québécois.

Le député François Rebello demande à M. Bachand d'obtenir des «garanties supplémentaires pour assurer le maintien et le développement» des produits dérivés à Montréal.

Comme La Presse l'a indiqué hier, Raymond Bachand ne partage pas les inquiétudes de l'Autorité des marchés financiers (AMF) sur les engagements du groupe Maple pour l'achat de TMX, qui chapeaute les Bourses de Toronto et de Montréal. D'après l'AMF, le consortium ne propose pas «d'engagement spécifique cristallisant l'intention de faire de Montréal le centre d'excellence en dérivés et le pôle d'attraction des activités relatives aux produits dérivés et produits connexes du groupe, incluant les titres à revenu fixe et les produits dérivés hors-cote». L'AMF précise que la Bourse de Londres avait promis de faire de Montréal le pôle de croissance des produits dérivés, une transaction qui a finalement avorté. Elle ajoute que Maple ne prend «aucun engagement spécifique à l'égard de la localisation à Montréal des activités relatives aux opérations de compensation et de règlement».

Or, mercredi, Raymond Bachand a martelé que la proposition de Maple est «rassurante» à bien des égards. «Les dirigeants du groupe Maple, dans lequel il y a des actionnaires québécois très importants (NDLR comme la Caisse de dépôt), ont pris des engagements très importants sur la place de Montréal sur les dérivés», disait-il.

François Rebello «déplore» la sortie de M. Bachand. «Pourquoi il va donner un chèque en blanc alors qu'il a les moyens de faire préciser» les engagements? a-t-il lancé. «Je veux qu'il soit clair sur le fait qu'il va travailler à bonifier l'entente.»

Selon M. Rebello, dans l'offre de Maple, «il n'y a pas de grandes garanties quant aux activités boursières à Montréal. Garder la direction à Montréal, c'est une chose. Mais une direction, ça peut être une coquille vide, ça peut être deux personnes dans un bureau, et toutes les activités après se retrouvent à l'extérieur. On peut clarifier tout ça. Si c'est vraiment l'intention d'avoir les vraies activités à Montréal, qu'on le mette clairement dans l'entente». Rappelons que le PQ est favorable à la transaction, car Maple est formé de «plusieurs fleurons québécois» comme le Mouvement Desjardins, la Banque Nationale et le Fonds de solidarité FTQ. L'offre d'achat doit encore obtenir le feu vert des autorités provinciales, dont l'AMF, et du Bureau fédéral de la concurrence.

Par ailleurs, François Rebello trouve inacceptable «qu'on en vienne à devoir convaincre le PDG de TMX à coup de graissage pour qu'il change sa position et pour qu'il accepte la proposition de Maple». La Presse révélait hier que trois hauts dirigeants de TMX, dont le président Thomas Kloet, se partageraient au moins 8 millions de dollars en compensation s'ils étaient licenciés ou devaient démissionner dans les deux ans après la mainmise de Maple.

Cette affaire «écoeure» le député Rebello. Selon lui, c'est exactement ce genre de situations que dénoncent les «indignés» qui occupent le square Victoria. «Une Bourse, ce n'est pas comme une business de patates frites. C'est un monopole que le gouvernement consent. Donc, il a des pouvoirs pour exiger des règles de gouvernance correctes. Et je pense que ce n'est pas correct de convaincre un président d'entreprise à coup de bonus pour qu'il accepte une nouvelle transaction. Il faut que le ministre encadre la gouvernance de ce deal-là», a-t-il plaidé.