L'or est généralement reconnu comme une valeur refuge en temps de crise économique ou politique. Mais alors que la crise européenne gagne maintenant l'Italie et menace l'existence même de l'euro, le métal jouera-t-il ce rôle pour l'investisseur qui s'inquiète de cette contagion qui s'accélère?

Bien au contraire, répond Mathieu D'Anjou, économiste principal chez Desjardins. L'éclatement de la zone euro, si elle devait se produire, risquerait plutôt de faire chuter le prix de l'or de façon importante.

C'est que l'or perd de son attrait en tant que valeur refuge lors des crises majeures, selon lui. «Les investisseurs préfèrent alors se réfugier dans le dollar américain et les obligations américaines», dit-il.

Lorsque le niveau d'anxiété est très élevé, les investisseurs ne recherchent qu'une seule chose, la liquidité, ajoute John Goldsmith, gestionnaire de portefeuilles établi à Toronto pour Montrusco Bolton. «Tous se précipitent vers les obligations américaines et le dollar américain», dit-il. C'est ce qui s'est produit récemment lorsque l'on ne semblait plus trouver de solution à la crise grecque.

La volatilité du prix du l'or s'est accrue substantiellement au cours des derniers mois. Entre le début de juillet et le 22 août, le prix de l'once d'or est passé de 1500$ à 1900$, un bond de plus de 20% en deux mois seulement. Mais moins d'un mois plus tard, il était retombé à 1600$, le prix chutant même de 200$ en trois jours seulement. Ensuite, après quelques semaines de consolidation, le cours de l'or a retrouvé une tendance à la hausse et se situe aujourd'hui à 1760$.

Le comportement du prix de l'or au cours des derniers mois ressemble en tous points à celui qu'il avait eu en 2008 et renforce l'idée qu'une crise majeure entraîne le prix de l'or à la baisse, rappelle John Goldsmith. La crise financière faisait alors rage et allait mener à la faillite de Lehman Brothers en septembre, entraînant les Bourses dans un tourbillon à la baisse. Le prix de l'or chuta d'environ 20%.

Contexte favorable

Si l'or a touché un sommet de 1900$ durant l'été, c'est que plusieurs éléments favorables étaient présents. D'abord, les taux d'intérêt étaient très bas, ce qui décourage les investisseurs d'acheter des obligations et les pousse plutôt vers des actifs qui peuvent s'apprécier, dont l'or.

Mais surtout, l'incertitude régnait autant en Europe à cause des dettes souveraines qu'aux États-Unis à cause de l'impasse budgétaire entre démocrates et républicains. Résultat, on craignait pour les monnaies de papier, autant l'euro que le dollar américain. La solution, c'était d'acheter de l'or.

Cette situation, qui a prévalu de juillet à septembre, a permis au prix de l'or de toucher un nouveau sommet. Mais lorsque les investisseurs ont perdu confiance de voir se régler l'impasse grecque, ils ont rapidement abandonné l'or pour le dollar américain.

Les perspectives

Le prix de l'or est fonction de l'offre et de la demande. Mais le point d'équilibre est difficile à établir, car il dépend essentiellement du sentiment des investisseurs. Il risque donc d'être intimement lié au problème européen. Si ce problème devait causer une nouvelle crise majeure de liquidité, l'or en subirait les contrecoups, croit Mathieu D'Anjou.

D'ici la fin de 2012, le prix de l'or pourrait s'apprécier étant donné que les taux d'intérêt demeureront très bas, indique l'économiste de Desjardins. Mais pour cela, il faudra éviter une nouvelle crise de liquidité.

Investir ou spéculer sur le prix de l'or est maintenant à la portée de tous grâce au fonds négocié en bourse Gold Shares qui se négocie à la Bourse de New York sous le symbole GLD. Il fluctue proportionnellement au prix de l'or.

À son somment récemment, le GLD était le plus gros FNB en termes d'actifs sous gestion avec 80 milliards, surpassant même celui du S&P 500, l'ancêtre de tous les FNB.