Les investisseurs avaient manifestement décidé lundi de croire en la capacité des Européens à trouver d'ici mercredi une solution à la crise de la zone euro, malgré les divergences persistantes au sommet de Bruxelles la veille.

Les Bourses européennes ont ouvert en hausse, mais sans euphorie, suivant le mouvement de Bourses asiatiques bien orientées après un sommet des dirigeants de l'Union européenne puis de la zone euro dans la capitale européenne.

Vers 6h45 (heure de Montréal), le Dax grimpait de 0,29% à Francfort, tandis que le CAC-40 reculait de 0,34% à Paris et à Milan le FTSE MIB perdait 0,57%. À la même heure, le FTSE 100 gagnait 0,44% à Londres et l'IBEX 35 de Madrid grignotait 0,16%.

La monnaie unique est repartie à la hausse aussi lundi matin.

Le sommet de dimanche a permis de préciser un peu les grandes lignes du sauvetage de la zone euro: comme anticipé, les créanciers de la Grèce devront payer plus que prévu jusqu'ici; les banques européennes seront recapitalisées; et le fonds de sauvetage européen FESF sera renforcé, même si les modalités sont encore floues.

Pour Carsten Brzeski, d'ING, «aucun nouveau fait, aucune nouvelle conclusion» ne sont sortis de la réunion et selon Barclays Capital les conclusions du sommet ne représentent «même pas une avancée partielle».

Mais elles entretiennent tout de même «de grands espoirs», notent les analystes de Commerzbank, tant les intéressés se sont montrés confiants d'arriver à une solution globale mercredi, date du prochain sommet.

Ils avaient tellement minimisé les attentes quant aux réunions du week-end, pour les reporter sur le sommet de mercredi, que le potentiel de déception était limité.

Au tout début de cette semaine cruciale pour l'Europe, les responsables s'évertuaient à alimenter les espoirs: le ministre français des Finances François Baroin s'est dit «convaincu» lundi que les dirigeants européens parviendraient à un accord global.

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, que ses partenaires ont mis sous pression pour en faire plus pour réformer son pays, a convoqué un conseil des ministres extraordinaire ce lundi pour mettre sur les rails une réforme du système des retraites.

La crainte d'une contagion de la crise à l'Italie, troisième économie de la zone euro, hante les dirigeants européens. Pour faire face à cette éventualité, ils réfléchissent toujours fébrilement à un moyen de gonfler leurs moyens d'action, en augmentant la force de frappe du fonds de sauvetage créé l'an dernier, le FESF.

Ce renforcement du mécanisme reste un point central à régler d'ici mercredi, date à laquelle la chancelière allemande Angela Merkel devrait dans la matinée présenter les grandes lignes d'une solution aux députés du Bundestag, avant de s'envoler pour Bruxelles.

L'option qui avait les faveurs de Paris, qui aurait vu le fonds se refinancer auprès de la Banque centrale européenne (BCE), a été écartée ces derniers jours. Berlin et la BCE elle-même la rejetaient catégoriquement.

L'évacuation de cette divergence majeure, qui faisait dire aux éditorialistes des deux côtés du Rhin lundi que Mme Merkel avait mis au pas le président français Nicolas Sarkozy, représente une des petites avancées sur le fond du sommet de dimanche.

Il reste deux options sur la table pour optimiser le FESF, éventuellement cumulables: un modèle qui le verrait agir comme assureur de la dette émise par les pays en difficulté; et une solution qui passe par des apports de fonds externes, d'investisseurs étrangers et du Fonds monétaire international (FMI).

Cette variante «serait vue extrêmement favorablement par le marché», commente Gilles Moëc, analyste de Deutsche Bank, tout en s'empressant de souligner les difficultés qu'elle comprend. Impliquant d'autres puissances, notamment la Chine, dans le sauvetage de leur monnaie unique, elle représenterait un aveu de «défaite politique» pour les Européens.

Un constat qui n'est pas loin de s'imposer de toute façon, alors que les frictions augmentent de toute part. Le «moteur franco-allemand» sur lequel tout repose a en effet des ratés, car les autres membres de la zone euro s'insurgent contre la main-mise de Paris et Berlin sur les processus décisionnels, et les pays de l'UE hors euro, Royaume-Uni en tête, s'énervent des atermoiements et des apartés de leurs partenaires.